jeudi 17 octobre 2013

Quelques réflexions sur le développement de l’économie numérique

Le thème du développement économique grâce à l’économie numérique revient régulièrement. De temps à autre les pouvoirs publics l’évoquent mais, il faut bien le reconnaître, ce discours est rarement suivi d’effets. C’est un discours qui plait, cependant on ne sait pas très bien ce qu’il recouvre.
Ceci est dû au fait que la définition du domaine de l’économie numérique est très variable d’un interlocuteur à l’autre. Pour certain l’économie numérique correspond aux sites accessibles grâce à Internet comme Google, Facebook, … D’autres y ajoutent toutes les activités de commerce électronique réalisées grâce à Internet comme Amazon, Ventes Privées, Rue du Commerce, mais aussi les billetteries comme celle de la SNCF, d’Air France, d’Easyjet, de Ryanair…. Sur cette lancée il est logique de prendre en compte dans l’économie numérique l’activité des opérateurs téléphoniques. Il est alors nécessaire de prendre en compte les achats de PC, de tablettes, de smartphones,… qui sont indispensables pour accéder à ces sites. Dans ces conditions ne faut-il pas aussi ajouter les achats de serveurs, de progiciels, … Il est alors logique de compte dans l’économie numérique l’ensemble des développements informatiques qu’ils soient faits en interne ou en externe.
Comme on le voit le périmètre de l’économie numérique est très variable selon l’interlocuteur concerné. Dans ces conditions il est assez logique de constater que les conclusions qu’il est possible d’en tirer sont très variables selon la manière dont il est défini. Avant de lancer des plans d’actions et des stratégies il serait souhaitable de définir clairement le domaine concerné.

Trois approches possibles

Résumer l’économie numérique à Internet est une curieuse approche car le réseau n’est qu’un média. Il est vrai qu’il est universel. Aujourd’hui c’est le moyen de communication prioritaire. Derrière le terme d’Internet se cache le protocole TCP/IP qui tend à devenir le standard universel. Cependant il existe à côté de TCP/IP d’autres protocoles comme ceux de la téléphonie, de la radio, de la télévision numérique,… Ils résistent mais il est fort probable que dans les prochaines années tous ces transferts de données se feront sous TCP/IP. Cependant il faut être clair que le média n’est qu’une partie du domaine de l’économie numérique.
Il est aussi possible de définir l’économie numérique d’une seconde manière en affirmant que ce sont toutes les applications utilisant des micro-processeurs. Cette définition permet de prendre en compte les PC mais aussi les serveurs, les smartphones, les tablettes,… Tous ces équipements reposent sur l’emploi de micro-processeurs. Mais ce ne sont pas les seuls produits utilisant des micro-processeurs. Les appareils photographique, les caméscopes, le cinéma, la télévision,… ont aussi vu leurs équipements complètement changés par leur numérisation. Cela a profondément bouleversé le modèle économique du secteur de l’audio-visuel. Mais ce n’est pas le seul secteur concerné. Un nombre croissant d’activité classiques sont directement impactés par les micro-processeurs comme l’automobile, l’aviation, la machine-outil,…. La numérisation des opérations modifie en profondeur la création de la valeur. Tous ces équipements comprennent de nombreux micro-processeurs. Doivent-ils être pris en compte dans l’économie numérique ?
Derrière ces bouleversements une troisième révolution se profile. Elle concerne un certain nombre de services comme : la banque, la billetterie des transports, la publicité, l’assurance, la presse, l’édition musicale et de livre, la production et la diffusion de la télévision, l’enseignement supérieur, … Tous ces secteurs sont déjà profondément touchés la technologie. Des pans entiers de l’économie sont concernés par le numérique et ce processus ne fait que commencer.
Il est dans ces conditions envisageable de décomposer le domaine de l’économie numérique en trois segments différents :
·       L’informatique classique. Elle comprend traditionnellement les serveurs (Unix, Linux, Windows, Mainframe,…) et les équipes qui se trouvent sous l’autorité du directeur informatique. Ce domaine se compose des matériels, des logiciels système, des progiciels mais aussi des développements (internes et externes), le personnel d’exploitation et d’assistance,… Les dépenses de ce secteur sont parfaitement connues.
·       L’informatique des utilisateurs et des consommateurs. Elle est constituée par les parcs de PC, de tablettes, de smartphones,… Mais elle comprend aussi les serveurs qui sont sous leur responsabilité. A cela s’ajoute les achats de progiciels et de services. Dans de nombreuses entreprises l’informatique des utilisateurs représente un montant égal voir supérieur aux dépenses de l’informatique classique. Le développement du Cloud ne peut qu’augmenter le poids de ces dépenses. Mais on ne le sait pas toujours car ces opérations sont plus ou moins bien connues et elles sont noyées dans la masse des autres dépenses des unités décentralisées.
·       Les secteurs économiques directement impactés par l’économie numérique. Ce domaine est aujourd’hui constitué, pour l’essentiel, par le commerce électronique, la billetterie électronique (train, avion, hôtel, voiture, théâtre,…), la publicité sur Internet, les jeux électronique, l’édition électronique, la presse électronique, la vente de musique, … On peut s’interroger sur son extension à de nouveaux domaines comme la photographie, l’audio-visuel, en particulier la télévision ADSL,… On note que ce domaine s’étend rapidement à la vitesse des innovations technologiques et marketing. Le chiffrage des dépenses ou des chiffres d’affaires induit par ces activités sont difficiles à effectuer car les prestations classiques et celles dues à l’économie numérique sont confondues dans les comptes des entreprises
Cette typologie permet de clarifier les choses mais elle pose un problème : où mettre les télécommunications ? Ainsi la communication des données comme la voix sur IP peuvent être imputés à l’informatique classique ou à l’informatique des utilisateurs. Mais une importante partie des dépenses de télécommunication s’imputent au troisième segment. Or, ces montants sont particulièrement importants. Il est dans le monde de l’ordre de 1.700 milliards de dollars. Selon que ce montant est pris en compte ou est ignoré cela change le poids du domaine de l’économie numérique.

Une autre approche possible de l’économie numérique

Pour cette raison il est envisageable d’avoir une autre approche de l’économie numérique en se basant sur l’identification des fournisseurs. Il est possible d’identifier cinq segments :
-      Les fabricants de composants électroniques et informatiques. Ce sont les fabricants de processeurs, de mémoires centrales, de cartes électroniques mais aussi de disques durs, d’alimentation électrique, d’écrans,…
-      Les constructeurs de matériels. Ce sont les concepteurs et les fabricants de PC, de serveurs, de mini-ordinateurs et de mainframe mais aussi les fournisseurs de tablettes, de smartphones,….
-      Les éditeurs de logiciels. Ils développement des systèmes d’exploitation, des bases de données, des langages (compilateurs et interpréteurs), des environnements de développement, …. mais aussi des applications comme des ERP, des logiciels bureautique, des navigateurs,….
-      Les opérateurs de télécommunication. Ce sont les opérateurs classiques mais aussi des opérateurs spécialisés (mobile, ADSL, réseau d’entreprise, satellite, …). De plus on voit apparaître de nouveaux opérateurs comme les câblo-opérateurs, les collectivités locales, …
-      Les services informatiques internes et les outsourceurs. Ils achètent ou louent des matériels et des logiciels puis les exploitent. A cela s’ajoutent les développements spécifiques et la maintenance des applications mises en œuvre.
C’est une approche plus classique que la précédente. Elle repose sur l’identification des fournisseurs. C’est celle suivie par l’OCDE et les organismes statistiques comme l’INSEE (voir sur ce blog le message du 17 janvier 2012 : « Enfin l’INSEE prenden compte l’informatique »). Rappelons quand même que le chiffrage informatique de l’INSEE ignore curieusement une grande partie des dépenses des services informatiques des entreprises par contre elle prend en compte une partie de l’économie numérique comme l’édition, l’audiovisuel (y compris la télévision, la radio et le cinéma) et les télécommunications. Les cabinets d’étude de marché comme IDC, Gartner, PAC,… ont aussi une approche par les fournisseurs. Ces cinq segments représentent au niveau mondial un total des dépenses de l’ordre de 4.700 milliards de dollars. En France ce montant est de l’ordre de 120 milliards d’euros.
Mais, cette classification a un défaut. Elle masque l’immense domaine des applications et des usages de l’économie numérique. Or, nous l’avons vu, celui-ci est considérable et ne cesse de croître.

La prise en compte des usages

Pour appréhender le développement de l’économie numérique il est possible d’avoir une troisième approche basée sur l’analyse des usages. Il est ainsi possible de faire apparaître trois segments ([1]) différents :
-      La reprise de services existants. On fait la même chose que ce qui était précédemment effectué, éventuellement pour un moindre coût. L’exemple type de ce type d’activité est la billetterie d’avion ou de chemin de fer. Pendant un siècle et demi pour avoir un billet de train on allait à la gare et on faisait sagement la queue au guichet. Aujourd’hui le voyageur va, de son domicile, se connecter avec son PC sur le site du transporteur et il va effectuer le travail qui était fait jusqu’alors par le guichetier. L’existence du billet électronique est une innovation majeure qui permet au transporteur de réaliser d’importantes économies ([2]). Un nombre important de services ont déjà été repris de cette manière comme les très nombreux sites de commerce électronique, les sites d’enchères comme eBay, PAP, paruvendu, Vivastreet, ou au bon coin, les serveurs de musique, de films, de séries télévisées, de vente de livres électroniques, de revues ou de journaux numériques, …. A terme, la plupart des services vont fonctionner de cette manière.
-      La création de nouveaux services. Ce sont des applications nouvelles qui n’étaient pas envisageables sans serveur, sans PC, sans smartphone, sans tablette, sans Internet et sans le Web. Elles se traduisent par une augmentation significative de la valeur ajoutée créée par l’entreprise ou l’administration. Les moteurs de recherche ou les comparateurs de prix sont des exemples parfaits de ces nouveaux services. A priori ils sont gratuits mais par le biais de la mise en avant des sites et du paiement par clic ils permettent de réaliser des chiffres d’affaires considérables en particulier Google qui est une des plus belle machine à cash jamais inventée. De même les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, LinkedIn, Viadeo,… ont permis de fournir de nouveaux services.
-      La création de nouvelles activités. Ces services n’existent pas et ne sont envisageables qu’avec Internet et le Web. Sans ces nouveaux outils il n’est pas possible de les faire fonctionner. Elles se traduisent par une augmentation significative du chiffre d’affaires de ces entreprises et donc par un accroissement de la valeur créée. C’est, bien sûr, le vaste domaine du commerce électronique avec ses très nombreuses variations comme les jeux en réseau, les abonnements et les serveurs de streaming (musiques et images), les réseaux sociaux,… Entre dans cette catégorie de nombreuses applications concernant les entreprises comme, par exemple, le développement de produits en « concurrent engineering » à l’aide de puissants systèmes de CAO permettant de faire travailler simultanément plusieurs équipes de R&D sur un même projet. Ce sont des applications comme le suivi de la maintenance des camions en service et des avions en vol (anticiper la panne et planifier la réparation) ([3]), la gestion des compteurs électriques, de gaz ou d’eau dit compteurs intelligents ([4]), ….   
A ma connaissance il n’existe pas de statistiques permettant de chiffrer ces trois segments, à l’exception du curieux chiffrage de l’Inspection des Finances, qui n’est pas une véritable évaluation mais plutôt une estimation à la louche. Il est certain qu’ils ne représentent actuellement que quelques pour-cents du PIB mais à terme ils risquent de constituer une part significative de la richesse créée. Il est fort probable que le segment « création de nouvelles activités » sera la partie la plus significative du développement de l’économie numérique.

L’approche des cabinets de stratégie

Les grands cabinets de stratégie ont cherché à évaluer l’importance de l’économie numérique. En 2011 McKinsey s’est lancé dans une évaluation ([5]). Il a chiffré ce segment pour la France à 60 milliards d’euros en 2009 et estime qu’en 2015 il sera égal à 139 milliards d’euros soit 5,5 % du PIB. Il estime qu’en 2010 ce segment est la cause de 25 % de la croissance observée.
Le Boston Consulting Group a en 2012 estimé le poids économique mondial de l’économie Internet à 2.300 milliards de dollars en 2010 ([6]). Si on considère les pays membres du G-20 ce montant représente 4,1 % de leur PIB. A l’horizon de 2016 le BCG estime l’économie Internet à 4.200 milliards de dollars et il devrait atteindre à 5,3 % du PIB.
Comme on le voit ces deux estimations sont assez voisines l’une de l’autre. On notera qu’elles ne portent que sur la partie directement liée à Internet. McKinsey parle d’ailleurs de « filière Internet » comme on parle de la filière mines-sidérurgie-métallurgie ou de la filière textile. La notion est intéressante mais elle est assez curieuse. Aujourd’hui toutes les entreprises et presque tous les particuliers sont connectés à Internet. Dans ces conditions toute l’économie ou presque ferait partie de la filière Internet. Cette approche arrive assez vite à des limites à cause de l’ambiguïté de la définition du domaine couvert ([7]). L’économie numérique ne peut pas uniquement se définir par l’usage d’Internet.

Arriver à dégager une réelle vision stratégique

Une autre approche intéressante consiste à partir des entreprises. Un nombre croissant d’entre elles s’intéressent à l’économie numérique. C’est le cas des grandes entreprises comme Vivendi ou Bouygues qui se sont lancées avec succès dans les télécommunications. Mais elles ne sont pas nombreuses en France. Curieusement les stratégies publiques ne misent pas sur les grandes entreprises mais sur le développement des start-up ([8]). Mais combien d’entre elles réussissent ? Heureusement, il existe quelques nouvelles entreprises basées sur les nouvelles technologies qui réussissent mais c’est assez rare. Là aussi, on dispose de peu de statiques mais on est loin des 10 % annoncés pas les défenseurs du venture capital. On est plutôt à 1 %. Or, en matière de création d’entreprises, dans le secteur traditionnel on considère qu’au bout de 5 ans environ 50 % des entreprises créées survivent. Ces deux chiffres expliquent le faible développement en France du financement de ce type d’entreprise par le capital-risque.
Il faut le dire, le développement d’entreprise à partir de rien comme cela a été le cas de Google est une situation très rare en France. De mémoire ces cas sont très rares. On peut citer le cas de Business Object qui a fini d’être racheté par SAP mais il n’y en a pas beaucoup d’autres.
Généralement après un décollage rapide la start-up est rachetée par une grande entreprise du secteur qui cherche un marché, des produits, une technologie, une équipe, une nouvelle clientèle,… L’idée que parmi ces nombreuses micro-firmes il y a une future Google ou une nouvelle Amazon est un doux rêve. La probabilité que cela arrive est très voisine de zéro. Ce n’est pas de la stratégie mais un pari perdu d’avance.
Les entreprises du secteur de l’économie numérique ont le choix entre trois stratégies de développement possibles :
-      Le géant innovateur. L’exemple parfait de ce type d’entreprise est Samsung (jadis c’était le cas de Sony). Cette firme a été capable de passer de la télévision, aux composants électronique, puis au téléphone pour arriver aux smartphones et aux tablettes. Ce type d’entreprise a su développer une capacité à saisir très rapidement les évolutions du marché (sentir les tendances), de faire des choix et de les mettre en œuvre en mobilisant des moyens considérables. Elles manifestement une agilité exceptionnelle à saisir les opportunités dès qu’elles apparaissent. Leur force est d’être capable de sortir en quelques mois un nouveau produit, de le fabriquer en masse et d’inonder le marché mondial grâce à un marketing très efficace. On peut trouver ce type d’entreprise dans de nombreux segments économiques. Ainsi Samsung qui n’avait pas un passé flatteur en matière informatique s’est imposé sur le marché des smartphones puis sur celui des tablettes au détriment des leaders antérieurs qui n’avaient pas la même agilité ni un tel dynamisme.  
-      L’extension de l’offre. Ce sont des entreprises comme Apple, IBM,… Elles sont capables de faire rapidement évoluer leur offre. IBM a été le leader mondial des mainframes puis a lancé le PC, bouleversé le marché de l’informatique et réussit à tuer tous ses rivaux. Après avoir été le leader du matériel informatique IBM a été capable de se redéployer dans le secteur des services. De même Apple est passé du micro-ordinateur au baladeur, puis au smartphone à la tablette et maintenant au cloud. Aujourd’hui elle est devenue la première entreprise du secteur informatique avec un chiffre d’affaires de 156,5 milliards de dollars en 2012 devant HP ou IBM. La technologie est un moyen de créer de nouveaux marchés, de conquérir des parts de marchés et de dégager des taux de marge nette exceptionnels.
-      Le créateur de nouveaux services : Google, Amazon, eBay,… Ce ne sont pas forcément les premiers à être présents sur ces marchés mais ces entreprises ont été capables de proposer une solution technique efficace et une approche économique fortement rentable. Aux USA les réussites de ce type sont nombreuses. Mais en Europe il y en a peu. Des entreprises comme Télémarket, Alapage, Excelead, Travelprice, Lastminute… n’ont jamais réussi à trouver leur marché. Ceci dit il y a eu quelques succès comme PrimeMinistère, RueduCommerce ou Ventes Privées. On note que ces réussites relèvent plutôt du domaine du commerce électronique que des offres de nouveaux services. Les succès européens dans ce domaine sont rares car dès que ces entreprises prennent une certaine ampleur elles se font racheter par des opérateurs mondiaux.
Il est aujourd’hui très difficile de chiffrer l’importance respective de ces trois segments. Il est probable que dès aujourd’hui le troisième segment est le plus important et, dans les années à venir, son poids ira croissant. Les nouveaux services sont indiscutablement les moteurs du développement de l’économie numérique.
Ce n’est pas le choix du gouvernement qui, dans sa feuille de route, a fait le choix de privilégier le développement d’un réseau à très-haut débit en fibre optique jusqu’au domicile des utilisateurs (Voir sur ce blog le message du 11 avril 2013 : « Est-ce le début du commencement ?»). C’est un investissement considérable. On n’ose même pas afficher son coût global. La feuille de route de Fleur Pellerin estime qu’il faut prévoir un budget de 20 milliards d’euros pour couvrir 53 % des français. Mais que va-t-on faire pour les 47 % restant. On ignore totalement ce que cela va coûter. Ce choix est à mettre au crédit d’un puissant lobby militant pour hâter « l’extinction du cuivre » mais est-ce que ce sera suffisant pour développer le secteur de l’économie numérique ?
D’autres groupes de pression mettent en avant d’autres domaines comme l’éducation, la santé ou le développement du service public. Effectivement il existe certainement des applications intéressantes dans ces domaines mais il est peu probable que dans ces différents secteurs on trouve une application qui sera le moteur de la croissance et entraînera un développement économique significatif. Cela fait des années qu’on parle du DMP (Dossier Médical Personnel). On a dépensé en 8 ans 210 millions d’euros sans obtenir de résultats significatifs.
L’équipement des écoles, des collèges ou des lycées, l’informatisation des hôpitaux, des ministères et des collectivités locales, ont été des gouffres financiers avec des résultats mitigés. Croire que ces opérations seront les futurs moteurs de la croissance est une idée naïve ou le résultat d’un lobbying efficace. 
Comme nous n’avons pas en France de géant innovateur comme Samsung et ni de fournisseurs informatiques puissants capables d’étendre et de développer leur offre (Bull, Alcatel ou Orange ne sont pas des candidats crédibles) il ne reste que la troisième stratégie consistant à créer de nouveaux services. Les besoins sont là. Il serait souhaitable d’inciter les entreprises existant à saisir ces opportunités.




[1] - L’Inspection des Finances (« Mission d’expertise sur la fiscalité del’économie numérique » janvier 2013 dit rapport Collin et Colin des noms de ces deux auteurs) identifie quatre segments :
·       Le cœur de l’économie numérique : technologies de base, infrastructures, télécommunication, applications et services informatiques, économie du Net : 5,2 % du PIB soit 104 milliards d’euros.
·       Les secteurs transformés par la numérisation : édition, musique, audiovisuel, finance, assurance, publicité, R&D, voyagistes,… 12 % du PIB soit 240 milliards d’euros.
·       Les secteurs qui ont dégagés des gains de productivité sans être transformés par les TIC : 60 % du PIB soit 1.200 milliards d’euros.
·       Les secteurs peu ou pas touchés par la numérisation : 22 % du PIB soit 440 milliards d’euros.
Selon ce schéma près de 80 % de l’économie serait concernée par l’économie numérique. Collin et Colin vont un peu vite en besogne.
[2] - Par contre on ne compte pas le temps passé par le client pour trouver le bon train, l’horaire recherché et effectuer le paiement.
[3] - Demain cela sera le suivi médical à distance. Le patient mène sa vie et par son smartphone il informe la base de données de son médecin qui déclenche, s’il y a lieu, des alertes. Ce type d’application existe déjà notamment pour le suivi des maladies de longue durée comme le diabète. On peut envisagée des applications de suivi en cardiologie, notamment pour les personnes âgées, en pharmacologie (trouver le bon dosage du médicament), en analyse sanguine,… 
[4] - Ces applications sont à la fois des créations de nouveaux services et des créations de nouvelles activités : le remplacement du compteur bleu par le compteur Linky permet dans un premier temps de supprimer le travail de relève mais dans une deuxième étape EDF promet des applications pour les utilisateurs permettant de réduire la consommation électrique.
[7] - Ainsi personne ne cherche pas à valoriser l’économie du crayon bille pourtant il est d’un large emploi. Beaucoup d’opérations sont encore faite à l’aide de cet outil. D’ailleurs doit-on prendre en compte dans ce montant celui des contrats signés à l’aide de ce stylo ? On pourrait de même chercher à calculer le montant de l’économie papier. Mais est-ce raisonnable ?
[8] - Il est curieux de noter que le terme « start-up » a été traduit en français par celui de « jeune pousse ».