Le thème du
développement économique grâce à l’économie numérique revient régulièrement. De
temps à autre les pouvoirs publics l’évoquent mais, il faut bien le reconnaître,
ce discours est rarement suivi d’effets. C’est un discours qui plait, cependant
on ne sait pas très bien ce qu’il recouvre.
Ceci est dû au
fait que la définition du domaine de l’économie numérique est très variable d’un
interlocuteur à l’autre. Pour certain l’économie numérique correspond aux sites
accessibles grâce à Internet comme Google, Facebook, … D’autres y ajoutent toutes
les activités de commerce électronique réalisées grâce à Internet comme Amazon,
Ventes Privées, Rue du Commerce, mais aussi les billetteries comme celle de la SNCF,
d’Air France, d’Easyjet, de Ryanair…. Sur cette lancée il est logique de prendre
en compte dans l’économie numérique l’activité des opérateurs téléphoniques. Il
est alors nécessaire de prendre en compte les achats de PC, de tablettes, de
smartphones,… qui sont indispensables pour accéder à ces sites. Dans ces
conditions ne faut-il pas aussi ajouter les achats de serveurs, de progiciels,
… Il est alors logique de compte dans l’économie numérique l’ensemble des développements
informatiques qu’ils soient faits en interne ou en externe.
Comme on le voit
le périmètre de l’économie numérique est très variable selon l’interlocuteur
concerné. Dans ces conditions il est assez logique de constater que les
conclusions qu’il est possible d’en tirer sont très variables selon la manière
dont il est défini. Avant de lancer des plans d’actions et des stratégies il serait
souhaitable de définir clairement le domaine concerné.
Trois approches possibles
Résumer l’économie
numérique à Internet est une curieuse approche car le réseau n’est qu’un média.
Il est vrai qu’il est universel. Aujourd’hui c’est le moyen de communication
prioritaire. Derrière le terme d’Internet se cache le protocole TCP/IP qui tend à devenir le standard universel. Cependant il existe à côté de TCP/IP d’autres
protocoles comme ceux de la téléphonie, de la radio, de la télévision
numérique,… Ils résistent mais il est fort probable que dans les prochaines
années tous ces transferts de données se feront sous TCP/IP. Cependant il faut
être clair que le média n’est qu’une partie du domaine de l’économie numérique.
Il est aussi
possible de définir l’économie numérique d’une seconde manière en affirmant que
ce sont toutes les applications utilisant des micro-processeurs. Cette
définition permet de prendre en compte les PC mais aussi les serveurs, les
smartphones, les tablettes,… Tous ces équipements reposent sur l’emploi de micro-processeurs.
Mais ce ne sont pas les seuls produits utilisant des micro-processeurs. Les
appareils photographique, les caméscopes, le cinéma, la télévision,… ont aussi vu
leurs équipements complètement changés par leur numérisation. Cela a
profondément bouleversé le modèle économique du secteur de l’audio-visuel. Mais
ce n’est pas le seul secteur concerné. Un nombre croissant d’activité classiques
sont directement impactés par les micro-processeurs comme l’automobile,
l’aviation, la machine-outil,…. La numérisation des opérations modifie en
profondeur la création de la valeur. Tous ces équipements comprennent de
nombreux micro-processeurs. Doivent-ils être pris en compte dans l’économie
numérique ?
Derrière ces
bouleversements une troisième révolution se profile. Elle concerne un certain
nombre de services comme : la banque, la billetterie des transports, la
publicité, l’assurance, la presse, l’édition musicale et de livre, la
production et la diffusion de la télévision, l’enseignement supérieur, … Tous
ces secteurs sont déjà profondément touchés la technologie. Des pans entiers de
l’économie sont concernés par le numérique et ce processus ne fait que
commencer.
Il est dans ces
conditions envisageable de décomposer le domaine de l’économie numérique en
trois segments différents :
·
L’informatique
classique. Elle comprend traditionnellement les serveurs (Unix, Linux,
Windows, Mainframe,…) et les équipes qui se trouvent sous l’autorité du
directeur informatique. Ce domaine se compose des matériels, des logiciels système,
des progiciels mais aussi des développements (internes et externes), le
personnel d’exploitation et d’assistance,… Les dépenses de ce secteur sont parfaitement
connues.
·
L’informatique
des utilisateurs et des consommateurs. Elle est constituée par les parcs de
PC, de tablettes, de smartphones,… Mais elle comprend aussi les serveurs qui
sont sous leur responsabilité. A cela s’ajoute les achats de progiciels et de
services. Dans de nombreuses entreprises l’informatique des utilisateurs
représente un montant égal voir supérieur aux dépenses de l’informatique
classique. Le développement du Cloud ne peut qu’augmenter le poids de ces
dépenses. Mais on ne le sait pas toujours car ces opérations sont plus ou moins
bien connues et elles sont noyées dans la masse des autres dépenses des unités
décentralisées.
·
Les
secteurs économiques directement impactés par l’économie numérique. Ce
domaine est aujourd’hui constitué, pour l’essentiel, par le commerce
électronique, la billetterie électronique (train, avion, hôtel, voiture, théâtre,…),
la publicité sur Internet, les jeux électronique, l’édition électronique, la
presse électronique, la vente de musique, … On peut s’interroger sur son
extension à de nouveaux domaines comme la photographie, l’audio-visuel, en
particulier la télévision ADSL,… On note que ce domaine s’étend rapidement à la
vitesse des innovations technologiques et marketing. Le chiffrage des dépenses ou
des chiffres d’affaires induit par ces activités sont difficiles à effectuer car
les prestations classiques et celles dues à l’économie numérique sont
confondues dans les comptes des entreprises
Cette typologie permet
de clarifier les choses mais elle pose un problème : où mettre les
télécommunications ? Ainsi la communication des données comme la voix sur
IP peuvent être imputés à l’informatique classique ou à l’informatique des
utilisateurs. Mais une importante partie des dépenses de télécommunication s’imputent
au troisième segment. Or, ces montants sont particulièrement importants. Il est
dans le monde de l’ordre de 1.700 milliards de dollars. Selon que ce montant est
pris en compte ou est ignoré cela change le poids du domaine de l’économie
numérique.
Une autre approche possible de l’économie
numérique
Pour cette raison
il est envisageable d’avoir une autre approche de l’économie numérique en se
basant sur l’identification des fournisseurs. Il est possible d’identifier cinq
segments :
- Les fabricants de composants électroniques
et informatiques. Ce sont les fabricants de processeurs, de mémoires
centrales, de cartes électroniques mais aussi de disques durs, d’alimentation
électrique, d’écrans,…
- Les constructeurs de matériels. Ce sont
les concepteurs et les fabricants de PC, de serveurs, de mini-ordinateurs et de
mainframe mais aussi les fournisseurs de tablettes, de smartphones,….
- Les éditeurs de logiciels. Ils
développement des systèmes d’exploitation, des bases de données, des langages
(compilateurs et interpréteurs), des environnements de développement, …. mais
aussi des applications comme des ERP, des logiciels bureautique, des
navigateurs,….
- Les opérateurs de télécommunication. Ce
sont les opérateurs classiques mais aussi des opérateurs spécialisés (mobile, ADSL,
réseau d’entreprise, satellite, …). De plus on voit apparaître de nouveaux
opérateurs comme les câblo-opérateurs, les collectivités locales, …
- Les services informatiques internes et les
outsourceurs. Ils achètent ou louent des matériels et des logiciels puis
les exploitent. A cela s’ajoutent les développements spécifiques et la
maintenance des applications mises en œuvre.
C’est une
approche plus classique que la précédente. Elle repose sur l’identification des
fournisseurs. C’est celle suivie par l’OCDE et les organismes statistiques comme
l’INSEE (voir sur ce blog le message du 17 janvier 2012 : « Enfin l’INSEE prenden compte l’informatique »). Rappelons quand même que le chiffrage informatique
de l’INSEE ignore curieusement une grande partie des dépenses des services
informatiques des entreprises par contre elle prend en compte une partie de l’économie
numérique comme l’édition, l’audiovisuel (y compris la télévision, la radio et
le cinéma) et les télécommunications. Les cabinets d’étude de marché comme IDC,
Gartner, PAC,… ont aussi une approche par les fournisseurs. Ces cinq segments
représentent au niveau mondial un total des dépenses de l’ordre de 4.700
milliards de dollars. En France ce montant est de l’ordre de 120 milliards
d’euros.
Mais, cette
classification a un défaut. Elle masque l’immense domaine des applications et
des usages de l’économie numérique. Or, nous l’avons vu, celui-ci est
considérable et ne cesse de croître.
La prise en compte des usages
Pour appréhender
le développement de l’économie numérique il est possible d’avoir une troisième
approche basée sur l’analyse des usages. Il est ainsi possible de faire apparaître
trois segments ([1])
différents :
- La reprise de services existants. On
fait la même chose que ce qui était précédemment effectué, éventuellement pour
un moindre coût. L’exemple type de ce type d’activité est la billetterie
d’avion ou de chemin de fer. Pendant un siècle et demi pour avoir un billet de
train on allait à la gare et on faisait sagement la queue au guichet.
Aujourd’hui le voyageur va, de son domicile, se connecter avec son PC sur le
site du transporteur et il va effectuer le travail qui était fait jusqu’alors par
le guichetier. L’existence du billet électronique est une innovation majeure qui
permet au transporteur de réaliser d’importantes économies ([2]).
Un nombre important de services ont déjà été repris de cette manière comme les très
nombreux sites de commerce électronique, les sites d’enchères comme eBay, PAP,
paruvendu, Vivastreet, ou au bon coin, les serveurs de musique, de films, de
séries télévisées, de vente de livres électroniques, de revues ou de journaux
numériques, …. A terme, la plupart des services vont fonctionner de cette
manière.
- La création de nouveaux services. Ce
sont des applications nouvelles qui n’étaient pas envisageables sans serveur,
sans PC, sans smartphone, sans tablette, sans Internet et sans le Web. Elles se
traduisent par une augmentation significative de la valeur ajoutée créée par
l’entreprise ou l’administration. Les moteurs de recherche ou les comparateurs
de prix sont des exemples parfaits de ces nouveaux services. A priori ils sont
gratuits mais par le biais de la mise en avant des sites et du paiement par
clic ils permettent de réaliser des chiffres d’affaires considérables en
particulier Google qui est une des plus belle machine à cash jamais inventée. De
même les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, LinkedIn, Viadeo,… ont permis
de fournir de nouveaux services.
- La création de nouvelles activités. Ces
services n’existent pas et ne sont envisageables qu’avec Internet et le Web. Sans
ces nouveaux outils il n’est pas possible de les faire fonctionner. Elles se traduisent
par une augmentation significative du chiffre d’affaires de ces entreprises et
donc par un accroissement de la valeur créée. C’est, bien sûr, le vaste domaine
du commerce électronique avec ses très nombreuses variations comme les jeux en
réseau, les abonnements et les serveurs de streaming (musiques et images), les
réseaux sociaux,… Entre dans cette catégorie de nombreuses applications concernant
les entreprises comme, par exemple, le développement de produits en
« concurrent engineering » à l’aide de puissants systèmes de CAO permettant
de faire travailler simultanément plusieurs équipes de R&D sur un même
projet. Ce sont des applications comme le suivi de la maintenance des camions
en service et des avions en vol (anticiper la panne et planifier la réparation)
([3]),
la gestion des compteurs électriques, de gaz ou d’eau dit compteurs intelligents
([4]),
….
A ma connaissance
il n’existe pas de statistiques permettant de chiffrer ces trois segments, à
l’exception du curieux chiffrage de l’Inspection des Finances, qui n’est pas une
véritable évaluation mais plutôt une estimation à la louche. Il est certain qu’ils
ne représentent actuellement que quelques pour-cents du PIB mais à terme ils
risquent de constituer une part significative de la richesse créée. Il est fort
probable que le segment « création de nouvelles activités » sera la
partie la plus significative du développement de l’économie numérique.
L’approche des cabinets de stratégie
Les grands
cabinets de stratégie ont cherché à évaluer l’importance de l’économie
numérique. En 2011 McKinsey s’est lancé dans une évaluation ([5]).
Il a chiffré ce segment pour la France à 60 milliards d’euros en 2009 et estime
qu’en 2015 il sera égal à 139 milliards d’euros soit 5,5 % du PIB. Il estime
qu’en 2010 ce segment est la cause de 25 % de la croissance observée.
Le Boston
Consulting Group a en 2012 estimé le poids économique mondial de l’économie
Internet à 2.300 milliards de dollars en 2010 ([6]).
Si on considère les pays membres du G-20 ce montant représente 4,1 % de leur PIB.
A l’horizon de 2016 le BCG estime l’économie Internet à 4.200 milliards de
dollars et il devrait atteindre à 5,3 % du PIB.
Comme on le voit
ces deux estimations sont assez voisines l’une de l’autre. On notera qu’elles
ne portent que sur la partie directement liée à Internet. McKinsey parle d’ailleurs
de « filière Internet » comme on parle de la filière mines-sidérurgie-métallurgie
ou de la filière textile. La notion est intéressante mais elle est assez
curieuse. Aujourd’hui toutes les entreprises et presque tous les particuliers
sont connectés à Internet. Dans ces conditions toute l’économie ou presque ferait
partie de la filière Internet. Cette approche arrive assez vite à des limites à
cause de l’ambiguïté de la définition du domaine couvert ([7]).
L’économie numérique ne peut pas uniquement se définir par l’usage d’Internet.
Arriver à dégager une réelle vision stratégique
Une autre
approche intéressante consiste à partir des entreprises. Un nombre croissant
d’entre elles s’intéressent à l’économie numérique. C’est le cas des grandes
entreprises comme Vivendi ou Bouygues qui se sont lancées avec succès dans les
télécommunications. Mais elles ne sont pas nombreuses en France. Curieusement les
stratégies publiques ne misent pas sur les grandes entreprises mais sur le
développement des start-up ([8]).
Mais combien d’entre elles réussissent ? Heureusement, il existe quelques nouvelles
entreprises basées sur les nouvelles technologies qui réussissent mais c’est assez
rare. Là aussi, on dispose de peu de statiques mais on est loin des 10 %
annoncés pas les défenseurs du venture capital. On est plutôt à 1 %. Or, en
matière de création d’entreprises, dans le secteur traditionnel on considère
qu’au bout de 5 ans environ 50 % des entreprises créées survivent. Ces deux
chiffres expliquent le faible développement en France du financement de ce type
d’entreprise par le capital-risque.
Il faut le dire,
le développement d’entreprise à partir de rien comme cela a été le cas de Google
est une situation très rare en France. De mémoire ces cas sont très rares. On
peut citer le cas de Business Object qui a fini d’être racheté par SAP mais il n’y
en a pas beaucoup d’autres.
Généralement
après un décollage rapide la start-up est rachetée par une grande entreprise du
secteur qui cherche un marché, des produits, une technologie, une équipe, une nouvelle
clientèle,… L’idée que parmi ces nombreuses micro-firmes il y a une future
Google ou une nouvelle Amazon est un doux rêve. La probabilité que cela arrive
est très voisine de zéro. Ce n’est pas de la stratégie mais un pari perdu
d’avance.
Les entreprises
du secteur de l’économie numérique ont le choix entre trois stratégies de
développement possibles :
- Le géant innovateur. L’exemple parfait de
ce type d’entreprise est Samsung (jadis c’était le cas de Sony). Cette firme a été
capable de passer de la télévision, aux composants électronique, puis au
téléphone pour arriver aux smartphones et aux tablettes. Ce type d’entreprise a
su développer une capacité à saisir très rapidement les évolutions du marché
(sentir les tendances), de faire des choix et de les mettre en œuvre en
mobilisant des moyens considérables. Elles manifestement une agilité
exceptionnelle à saisir les opportunités dès qu’elles apparaissent. Leur force
est d’être capable de sortir en quelques mois un nouveau produit, de le
fabriquer en masse et d’inonder le marché mondial grâce à un marketing très
efficace. On peut trouver ce type d’entreprise dans de nombreux segments
économiques. Ainsi Samsung qui n’avait pas un passé flatteur en matière
informatique s’est imposé sur le marché des smartphones puis sur celui des
tablettes au détriment des leaders antérieurs qui n’avaient pas la même agilité
ni un tel dynamisme.
- L’extension de l’offre. Ce sont
des entreprises comme Apple, IBM,… Elles sont capables de faire rapidement
évoluer leur offre. IBM a été le leader mondial des mainframes puis a lancé le
PC, bouleversé le marché de l’informatique et réussit à tuer tous ses rivaux.
Après avoir été le leader du matériel informatique IBM a été capable de se redéployer
dans le secteur des services. De même Apple est passé du micro-ordinateur au
baladeur, puis au smartphone à la tablette et maintenant au cloud. Aujourd’hui
elle est devenue la première entreprise du secteur informatique avec un chiffre
d’affaires de 156,5 milliards de dollars en 2012 devant HP ou IBM. La
technologie est un moyen de créer de nouveaux marchés, de conquérir des parts
de marchés et de dégager des taux de marge nette exceptionnels.
- Le créateur de nouveaux services :
Google, Amazon, eBay,… Ce ne sont pas forcément les premiers à être présents
sur ces marchés mais ces entreprises ont été capables de proposer une solution
technique efficace et une approche économique fortement rentable. Aux USA les
réussites de ce type sont nombreuses. Mais en Europe il y en a peu. Des
entreprises comme Télémarket, Alapage, Excelead, Travelprice, Lastminute… n’ont
jamais réussi à trouver leur marché. Ceci dit il y a eu quelques succès comme
PrimeMinistère, RueduCommerce ou Ventes Privées. On note que ces réussites
relèvent plutôt du domaine du commerce électronique que des offres de nouveaux
services. Les succès européens dans ce domaine sont rares car dès que ces
entreprises prennent une certaine ampleur elles se font racheter par des
opérateurs mondiaux.
Il est aujourd’hui
très difficile de chiffrer l’importance respective de ces trois segments. Il est
probable que dès aujourd’hui le troisième segment est le plus important et, dans
les années à venir, son poids ira croissant. Les nouveaux services sont indiscutablement
les moteurs du développement de l’économie numérique.
Ce n’est pas le
choix du gouvernement qui, dans sa feuille de route, a fait le choix de
privilégier le développement d’un réseau à très-haut débit en fibre optique
jusqu’au domicile des utilisateurs (Voir sur ce blog le message du 11 avril 2013 : « Est-ce le début du commencement ?»). C’est un
investissement considérable. On n’ose même pas afficher son coût global. La
feuille de route de Fleur Pellerin estime qu’il faut prévoir un budget de 20
milliards d’euros pour couvrir 53 % des français. Mais que va-t-on faire pour
les 47 % restant. On ignore totalement ce que cela va coûter. Ce choix est à
mettre au crédit d’un puissant lobby militant pour hâter « l’extinction du
cuivre » mais est-ce que ce sera suffisant pour développer le secteur de l’économie
numérique ?
D’autres groupes
de pression mettent en avant d’autres domaines comme l’éducation, la santé ou
le développement du service public. Effectivement il existe certainement des
applications intéressantes dans ces domaines mais il est peu probable que dans
ces différents secteurs on trouve une application qui sera le moteur de la
croissance et entraînera un développement économique significatif. Cela fait
des années qu’on parle du DMP (Dossier Médical Personnel). On a dépensé en 8
ans 210 millions d’euros sans obtenir de résultats significatifs.
L’équipement des
écoles, des collèges ou des lycées, l’informatisation des hôpitaux, des
ministères et des collectivités locales, ont été des gouffres financiers avec
des résultats mitigés. Croire que ces opérations seront les futurs moteurs de
la croissance est une idée naïve ou le résultat d’un lobbying efficace.
Comme nous
n’avons pas en France de géant innovateur comme Samsung et ni de fournisseurs
informatiques puissants capables d’étendre et de développer leur offre (Bull,
Alcatel ou Orange ne sont pas des candidats crédibles) il ne reste que la
troisième stratégie consistant à créer de nouveaux services. Les besoins sont
là. Il serait souhaitable d’inciter les entreprises existant à saisir ces
opportunités.
[1]
- L’Inspection des Finances (« Mission d’expertise sur la fiscalité del’économie numérique » janvier 2013 dit rapport Collin et Colin des noms
de ces deux auteurs) identifie quatre segments :
·
Le cœur de l’économie numérique :
technologies de base, infrastructures, télécommunication, applications et
services informatiques, économie du Net : 5,2 % du PIB soit 104 milliards
d’euros.
·
Les secteurs transformés par la
numérisation : édition, musique, audiovisuel, finance, assurance,
publicité, R&D, voyagistes,… 12 % du PIB soit 240 milliards d’euros.
·
Les secteurs qui ont dégagés des gains de
productivité sans être transformés par les TIC : 60 % du PIB soit 1.200
milliards d’euros.
·
Les secteurs peu ou pas touchés par la
numérisation : 22 % du PIB soit 440 milliards d’euros.
Selon ce schéma près de 80 % de l’économie serait
concernée par l’économie numérique. Collin et Colin vont un peu vite en
besogne.
[2]
- Par contre on ne compte pas le temps passé par le client pour trouver le bon
train, l’horaire recherché et effectuer le paiement.
[3]
- Demain cela sera le suivi médical à distance. Le patient mène sa vie et par
son smartphone il informe la base de données de son médecin qui déclenche, s’il
y a lieu, des alertes. Ce type d’application existe déjà notamment pour le suivi
des maladies de longue durée comme le diabète. On peut envisagée des
applications de suivi en cardiologie, notamment pour les personnes âgées, en
pharmacologie (trouver le bon dosage du médicament), en analyse sanguine,…
[4]
- Ces applications sont à la fois des créations de nouveaux services et des
créations de nouvelles activités : le remplacement du compteur bleu par le
compteur Linky permet dans un premier temps de supprimer le travail de relève
mais dans une deuxième étape EDF promet des applications pour les utilisateurs permettant
de réduire la consommation électrique.
[7]
- Ainsi personne ne cherche pas à valoriser l’économie du crayon bille pourtant
il est d’un large emploi. Beaucoup d’opérations sont encore faite à l’aide de
cet outil. D’ailleurs doit-on prendre en compte dans ce montant celui des
contrats signés à l’aide de ce stylo ? On pourrait de même chercher à
calculer le montant de l’économie papier. Mais est-ce raisonnable ?
[8]
- Il est curieux de noter que le terme « start-up » a été traduit en
français par celui de « jeune pousse ».