mercredi 21 septembre 2016

Les stratégies de transformation numérique gagnantes

La transformation numérique est un terme à la mode. Des CDO, Chief Digital Officer, sont nommés et des budgets sont affectés à des projets d’un type nouveau. Cependant, on constate, en ce domaine, une grande hétérogénéité des pratiques ([1]). Un premier groupe d’entreprises considèrent que les opérations de transformation numérique se ramènent à de nouvelles actions de marketing. Ce sera un nouveau moyen permettant de trouver de nouveaux clients. D’autres entreprises voient plus loin. Pour celle-ci les transformations numériques ont pour but de changer la nature de leurs offres qui va se traduire par de nouveaux produits ou des services, de nouvelles manières de les produire, ... Les entreprises traditionnelles cherchent à se transformer sur le modèle des GAFA. Cependant tout le monde sait que n’est pas Google qui veut ([2]).
Quelle que soit la vision que l’on ait de la transformation numérique les entreprises savent qu’elles doivent faire face à une mutation majeure. La manière de réaliser leur chiffre d’affaires et de dégager une marge significative vont profondément changer dans les années à venir. Les produits changent et comprennent de plus en plus d’électronique et de logiciels, se connectent et échangent des informations avec des serveurs. Mais ce n’est qu’une partie de la mutation. L’essentiel des changements vont porter sur la manière dont les clients entrent en contact avec l’entreprise comme c’est déjà le cas avec Uber ou Airbnb. Elles vont changer de nature et devenir des plateformes d’échange entre des demandeurs et des fournisseurs de service. Ceci explique la grande crainte manifestée par les entreprises traditionnelles de se faire « uberiser » c’est-à-dire de voir une start-up venue de nulle part prendre une partie significative de leur chiffre d’affaires et de leur marge.
En fait, on est face à une mutation stratégique. Pour comprendre son importance il est nécessaire de revenir sur les stratégies traditionnelles de développement des entreprises puis de voir leurs liens avec une éventuelle transformation numérique.

Les cinq stratégies de développement existantes

La plupart des entreprises ont des stratégies (Pour en savoir plus sur la stratégie des entreprises voir sur Wikipédia en cliquant ici). Lorsqu’on les analyse et on les compare entre elles on constate qu’elles ont de fortes parentées. Leur nombre est en fait assez limité. Il y a une trentaine d’année Michael Porter, pape du marketing, avait fondé sa célébrité en identifiant cinq forces expliquant la concurrence :
1.    Le pouvoir de négociation des clients,
2.    Le pouvoir de négociation des fournisseurs,
3.    La menace constituée par les produits ou les services de substitution,
4.    La menace d'entrants potentiels sur le marché,
5.    L'intensité de la rivalité entre les concurrents.
Il est de même possible d’identifier quelques grands axes stratégiques en matière de développement des entreprises. En reclassant l’ensemble des actions possibles il est possible d’identifier cinq grands axes (voir le détail des actions stratégiques en note ci-dessous [3] ). Ce sont :
1.     Augmenter les prix de vente. Il existe toute une série de mesures permettant de réussir cette stratégie. Elles sont dans l’ensemble assez restrictives. Un grand nombre d’actions cherchent à réduire la concurrence car celle-ci tend à faire pression sur les prix de vente. Le progrès technique a peu d’influence. La transformation numérique joue un rôle secondaire dans ce type de stratégie ([4]).
2.     Réduire les coûts de revient. Cette baisse concerne aussi bien les produits que les services. On va pour cela chercher à augmenter la productivité ou diminuer les prix d’achat des matières premières et le coût de la main d’œuvre. Il existe une large panoplie de mesures permettant de diminuer les coûts de revient. Le progrès technique n’est qu’un des facteurs possibles. Dans ces conditions la transformation numérique joue sur les coûts de revient mais de manière indirecte.
3.     Augmenter la taille du marché accessible. Cette stratégie repose sur la fidélisation des clients existants et la recherche de nouveaux clients. Ce peut être des clients locaux, nationaux ou internationaux. Internet abolie les distances. Pour les services immatériels le marché devient mondial, par contre, pour les biens et les prestations de services il est encore lié à des contraintes de logistique : il faut être capable de délivrer. C’est le cœur de la transformation numérique.
4.     Faire évoluer le produit et le service. Les innovations liées à Internet, à la micro-électronique et à l’informatique permettent de développer de nouveaux produits et surtout de nouveaux services. Des innovations majeures sont apparues dans ces domaines ces dernières années et il est probable que cela va continuer. Il est aussi possible d’enrichir des produits ou des services existants de manière significative. La transformation numérique joue un rôle important dans le cadre de ce type de stratégies.
5.     Personnaliser le produit ou le service. La technologie permet de sortir du « mass market » et de s’adresser directement à chaque client et à chaque prospect en lui faisant des offres personnalisées. C’est un progrès considérable du marketing qui va changer l’organisation du marché. C’est un domaine important de la transformation numérique.
Comme on le voit les modalités de la transformation numérique sont nombreuses et variées. Dans les années à venir elle va profondément influencer la manière de faire des affaires et, de façon plus générale, elle va permettre de changer de manière profonde dont s’établissent les relations entre les personnes et les organisations. Il existe pour cela toute une palette de mesures possibles, certaines sont simples et faciles à mettre en œuvre mais de nombreuses autres sont plus complexes et demanderons plus de temps pour se mettre en place.

La transformation numérique est au cœur des stratégies

Traditionnellement la stratégie des entreprises repose sur une réflexion du management sur les produits et les clients : que veut-on vendre et à qui va-t-on le vendre ? On en déduit les partenariats possibles, les choix technologies et les investissements nécessaires. Aujourd’hui cette réflexion repose en grande partie sur la manière de mettre en œuvre la transformation numérique. Plus personne n’a de doute sur sa nécessité. Mais comment s’y prendre ?
Pour y arriver il est nécessaire de partir de quelques constats simples. D’abord la transformation numérique repose sur un développement considérable des technologies informatique. Ainsi derrière la notion de Big Data il y a la technologie Hadoop qui permettent d’avoir des bases de données réparties de taille illimitées. De même derrière l’IoT, Informatique des Objets, il y a les progrès considérables de la micro-électronique notamment il existe aujourd’hui des ordinateurs de la taille d’une carte de crédit capables de supporter un système d’exploitation multi-tâches et des protocoles de communications puissants. La puissance et la souplesse d’Internet permet de déporter les traitements sur des serveurs banalisés grâce au Cloud. Ce sont des changements considérables.
Le développement de toutes les nouvelles applications induites par la transformation numérique va transformer que les entreprises en « software compagnies » ([5]). C’est un changement majeur dont on n’a pas encore perçu toutes les conséquences. En dehors du besoin de recrutement de milliers de développeurs et du changement de culture des entreprises on est face à des investissements massifs qui vont profondément modifier l’équation économique des entreprises.
Pour dégager des gains significatifs il va être nécessaire d’améliorer la capacité de l’entreprise à créer de la valeur ajoutée grâce à la transformation numérique. L’indicateur à suivre est donc le montant de la valeur ajoutée par salarié. Il est, en moyenne en France de, 80.000 euros par personne et par an mais il peut s’élever à 130.000 à 160.000 euros dans des secteurs particulièrement efficaces et performants. Une opération de transformation numérique qui n’a pas d’impact sur cet indicateur n’est, probablement, pas rentable.

Les stratégies de développement recourent de plus en plus à la transformation numérique

Dans ce contexte un nombre croissant d’entreprises ont mis en place des stratégies de développement reposant en grande partie sur l’informatique et le logiciel. Malheureusement, aujourd’hui ces « software compagnies » ne sont pas majoritaires, loin s’en faut ! Pour l’instant ces entreprises sont plutôt des start-ups. Quant aux entreprises traditionnelles, si elles craignent toutes une éventuelle « uberisation » pour l’instant elles restent au bord de la piscine à tâter la température de l’eau et s’interrogent sur la démarche à suivre. Pour aller plus loin elles vont devoir choisir une stratégie parmi trois possibilités différentes :
-       Personnaliser des produits ou des services. C’est le cœur de la transformation numérique. On assiste depuis quelques années un flux continu d’innovations. Le client veut être reconnu comme une personne. Lorsque vous vous connectez à un site Web il vous reconnait par un « Bonjour Jean Dupont » et vous fait des offres en fonction de vos centres d’intérêt. Mais il est possible d’aller plus loin. Ainsi, les opérateurs observent la navigation des utilisateurs sur Internet et leur faire des propositions adaptées. C’est le domaine du Big Data et du « reciblage publicitaire ». Cependant on ne peut pas dire que des publicités figurant dans les pages Web correspondent forcement à une amélioration des services fournis.
-       Faire évoluer les produits ou les services. C’est en grande partie le domaine de l’IoT, Internet des Objets. Ces applications sont nombreuses. Elles concernent principalement cinq domaines :
o   La maison connectée : la sécurité et la climatisation des domiciles, les systèmes de distraction, le management à distance des installations, ….
o   Les wearables comme les montres et les lunettes connectées, les vêtements connectées, les systèmes de fitness, les caméras portables, …
o   L’Internet industriel que les allemands appellent Industrie 4.0 comprend la robotique, l’automatisation, l’amélioration de la chaîne logistique, …
o   Les villes connectées ou Smart Cities comprenant la gestion de l’éclairage public, les compteurs intelligent d’électricité et de gaz, la gestion en temps réel des flux, la gestion des parkings, …  
o   Les véhicules connectés dont les voitures autonomes mais aussi le diagnostic des véhicules, la sécurité, la navigation, la gestion des flux, …
Comme on le voit l’IoT représente un énorme marché qui va considérablement se développer dans les années à venir. Cisco estime son chiffre d’affaires mondial 500 milliards de dollars en 2016 en forte croissance. L’Institut Montaigne et AT Kearney estime qu’en France il sera de 74 milliards d’euros en 2020 pour atteindre 138 milliards d’euros en 2025.
-       Réduire les coûts de revient. La recherche de gains de productivité est le domaine le plus travaillé par l’informatique classique. Elle a permis de contenir une partie des frais généraux des entreprises. Cependant on estime qu’elle a eu des effets plus limités sur les autres postes du coût de revient : matières premières, main d’œuvre, équipements nécessaires, énergie, ... Aujourd’hui la recherche de gains permis par la transformation numérique porte plutôt sur l’amélioration des processus comme la saisie et le traitement des commandes, la logistique, l’assemblage des produits, la fourniture de services, … Dans le passé il est certain que l’investissement en équipement et l’automation ont joué un rôle nettement plus important dans l’obtention de gains de productivité obtenus grâce à l’informatique. Est-ce que la transformation numérique va inverser cette tendance ? Ces dernières années le Web a permis de reporter la saisie des commandes sur les clients. Aujourd’hui l’IoT permet d’améliorer l’efficacité des processus d’assemblage de produits. Demain il est possible que ce soit dans le développement de la fourniture de services.
Il est certain que la transformation numérique va dans les prochaines années profondément changer le paysage économique, sans compter l’impact qu’elle aura sur le manière de vivre, de se distraire, d’éduquer les enfants, de former les adultes, … Il suffit de voir l’actuel impact des smartphones pour imaginer ce que sera le monde de demain grâce à la combinaison de l’IoT, du Big Data, du Cloud, … A cela s’ajoute l’impact de l’amélioration des performances du Web, de l’Internet, des systèmes d’exploitation, …. Aujourd’hui les décideurs des entreprises savent qu’il va falloir se jeter à l’eau mais ils ont encore du mal à mesurer les impacts de la transformation numérique sur la stratégie de leur entreprise.

Toutes les stratégies ne sont pas directement impactées par la transformation numérique

Cependant il ne faut pas pour autant penser que toute les stratégies des entreprises vont se résumer à la transformation numérique. Parmi les cinq types de stratégie identifiées trois sont directement concernés mais deux sont peu ou pas impactés par ces changements. Ce sont :
-       Augmenter la taille du marché. Le fait qu’en tout point du territoire (et même de l’étranger) il est possible de consulter un site Web n’a pas élargie considérablement le marché. Le fait qu’il soit possible de commander un livre du fin fond de l’Auvergne ([6]) alors que la première librairie se trouve à plusieurs heures de route n’a pas eu d’effet significatif sur le nombre de livres lus. Il a toujours existé un marché pour la vente par correspondance. Le développement du commerce électronique n’a pas encore fait disparaître les boutiques et les centres commerciaux. Au fait que les stratégies visant à augmenter la taille du marché ne seront que faiblement impactées par la transformation numérique. Il est probable que le Big Data permettra d’identifier des prospects qui avaient, jusqu’alors, été ignorés et de les solliciter par des offres ciblées. Mais il est aujourd’hui difficile de mesurer l’impact de ces stratégies de marketing.
-       Augmenter le prix de vente. Un dirigeant d’entreprise qui veut à court terme augmenter son chiffre d’affaires ou sa marge sait très bien que la première mesure à prendre est de majorer les prix de vente. Cependant il ne peut le faire que si la concurrence est faible. En période de forte inflation ou de pénurie c’était une stratégie usuelle. Mais au cours d’une période sans inflation avec une économie qui frise la déflation il faut regarder à deux fois avant de majorer ses prix. Ce sont des choix difficiles. En tout cas la transformation numérique n’a pas d’effet sur ce type de stratégie. Il est cependant possible de chercher à augmenter le volume d’activité en proposant aux clients des prestations complémentaires basées sur la mise en œuvre de systèmes d’information. GE s’est lancé dans un programme de ce type (Pour en savoir plus sur la stratégie de GE on peut lire dans Bloomberg un très intéressant article. Pour cela cliquez ici) avec Predix qui est une plateforme fonctionnant en mode cloud permettant de suivre les performances d’un grand nombre d’équipements et de détecter les pannes ou les sous-optimisations (Pour en savoir plus sur Predix voir Wikipédia : cliquez ici). C’est une démarche intéressante mais est-ce qu’elle apportera un chiffre d’affaires significatif avec un niveau de marge suffisant ? D’ailleurs cette stratégie relève plus d’une stratégie de développement de l’activité de service que d’une politique d’augmentation du prix de vente des produits.
Comme on le voit un certain nombre de stratégies de développement d’entreprise restent assez éloignée de la démarche de la transformation numérique. L’accroissement de la taille du marché de l’entreprise et l’augmentation des prix de vente sont des stratégies qui ignorent en grande partie les mutations technologiques en cours.

Importance de la réflexion stratégique avant tout développement

Comme on le voit les possibilités de développement offertes par la transformation numérique sont nombreuses et les choix à effectuer sont délicats. Il est pour cela indispensable d’avoir en amont de tout développement une réflexion de type stratégique. Elle commence par la recherche des opportunités de développement. Il est de plus nécessaire d’identifier les menaces potentielles peuvent venir notamment de start-ups ou de concurrents. Il est en particulier important de regarder de près ce que font les concurrents étrangers et notamment les californiens.
Une fois cette première réflexion faite il est nécessaire de prendre la décision délicate : on y va ou on n’y va pas, avec qui et avec quel budget. C’est une décision importante car elle engage l’avenir et même, dans certains cas, la survie à terme de l’entreprise.
Ces choix relèvent de la direction générale de l’entreprise car elle met en jeu son avenir. Une réflexion préalable de l’équipe de direction ou d’une commission ad’hoc type commission informatique est très utile mais au final les dirigeants sociaux de l’entreprise doivent prendre la décision finale. Dans certains cas, notamment lorsque des investissements importants sont nécessaires, il est souhaitable que cette orientation soit validée par le conseil d’administration.

 [1] - Une étude récente d’Accenture, « Performance Digitale des Entreprises Françaises », montre que les entreprises et particulièrement les entreprises françaises ont du mal à s’engager dans la transformation numérique. D’après leur étude, sur les 100 premières entreprises françaises seul 3 ont une stratégie de la transformation numérique et dégagent une rentabilité pour ces investissements (Pour lire cette étude cliquez ici).
[2] - McKinsey a, dans une récente étude appelée : « Digital Europe » , cherché à mesurer le retard de l’Europe par rapport aux USA. Pour cela ses consultants ont défini un indicateur : le « McKinsey Global Institute’s Industry Digitization Index ». Il permet de mesurer le niveau d’activité numérique d’un pays, d’un secteur d’activité ou d’une entreprise. Il vaut 18 % aux USA, 17 % en Grande Bretagne et seulement 12 % en France soit un retard de l’ordre de 50 %. Pour information l’Allemagne et l’Italie sont seulement à 10 % alors que la Suède et les Pays Bas sont à 15 % (Pour lire l’étude Digital Europe de McKinsey cliquez ici)
[3] - Les cinq axes stratégiques permettant le développement des entreprises se composent d’un certain nombre d’actions. Ce sont :
1.     Augmenter les prix de vente. Il existe toute une série de mesures permettant de majorer les prix. Un grand nombre de ces actions ont un caractère assez négatifs mais d’autres sont plus positifs :
-       Bénéficier d’une pénurie ou même l’organiser (rétention, spéculation, …) pour augmenter les prix.
-       Cartelliser le marché à l’aide d’une entente entre les principaux fournisseurs.
-       Augmenter les droits de douanes ou dévaluer la monnaie (ce n’est, bien entendu, pas le fait de l’entreprise mais du gouvernement).
-       Elever des barrières à l’entrée du marché (par une réglementation, des contingentements, des normes, …).
-       Empêcher le développement de la concurrence grâce à des brevets défensifs.
-       Développer les ventes d’accessoires ou de services complémentaires.
-       Proposer aux clients une gamme de produits avec des versions des produits plus « sophistiqués » et surtout ayant des prix plus élevés.
-       Convaincre les prospects qu’ils acquerront un statut supérieur en achetant le produit (voiture, vêtements, Première Classe, …). C’est le snob-effect.
-      
Ce sont pour l’essentiel des mesures ayant pour but de limiter la concurrence. Les progrès technologiques ont peu d’effet à l’exception de la prise de brevets, faut-il encore qu’ils soient mis en œuvre.
2.     Diminuer les coûts de revient. Ils peuvent obtenu en augmentant la productivité, en réduisant les prix d’achat des matières premières, de la main d’œuvre, ou des produits semi-finis et finis :
-       Baisser les salaires et les charges sociales, le montant des achats de matière premières, le coût de l’énergie et des transports, le niveau les frais fixes (locaux, coûts de siège, taxes, frais financiers, …).
-       Recourir à une main d’œuvre moins qualifiée et moins chère. Mais on peut aussi avoir la stratégie inverse en recourant à du personnel plus qualifié et donc plus efficace.
-       Baisser le cours de la devise (ceci n’est pas le fait de l’entreprise mais de l’Etat ou de la Banque Centrale). Mais on peut aussi chercher à localiser la production dans des pays dont la monnaie s’est effondrée.
-       Diminuer les droits de douanes concernant notamment les importations de matières premières et de produits semi-finis. Il est aussi possible de faire entrer ces produits en suspension de droits.
-       Améliorer les processus de production et de logistique.
-       Accroître la productivité de la main d’œuvre notamment en effectuant des investissements de productivité : mécanisation, automation, …
-       Recourir plus largement à la sous-traitance.
-       Diminuer le montant des investissements nécessaire pour produire une unité produite supplémentaire.
-       Augmenter le volume cumulé des produits fabriqués (effet de la learning curve).
-       Augmenter la taille des séries de fabrication.
-       Réduire le poids des frais fixes (abaisser le points mort).
-       ….
Comme on le voit il existe une large panoplie de mesures permettant de diminuer les coûts de revient. Le progrès technique n’est qu’un des facteurs de réduction des coûts. Il se fait, pour l’essentiel par le biais des investissements de productivité.
3.     Augmenter la part du marché accessible. On commence par rechercher dans un premier temps à augmenter l’activité avec les clients existants puis ensuite l’entreprise va rechercher de nouveaux clients dans son pays ou à l’étranger :
-       Pousser les concurrents à la faillite afin de les faire disparaître et récupérer leurs clients.
-       Racheter et absorber des concurrents de façon à augmenter la part de marché de l’entreprise.
-       Baisser les prix de vente afin d’acquérir de nouveaux clients et d’éliminer des concurrents (voir axe n°2).
-       Mettre en place un programme de fidélité avec une animation spécifique : ristournes, promotion, avantages particuliers, …
-       Développer les exportations directes (trouver des distributeurs locaux, ouvrir des points de vente, créer des filiales locales, ….) ou indirectes (c’est le cas lorsqu’une grande entreprise propose les produits ou les services de PME partenaires).
-       Diminuer les coûts de transports (la globalisation est en grande partie due à la baisse des coûts de transport permise par les containers).
-       Augmenter les efforts de marketing, de publicité, de promotion, … afin de fidéliser les clients et conquérir des prospects.
-       Favoriser l’obsolescence des produits.
-       Développer les effets de mode.
-       Dans la distribution ouvrir de nouvelles boutiques ou augmenter les surfaces de ventes mais surtout fermer celles qui sont mal placées au profit d’emplacements ayant un passage plus important.
-       Elargir les horaires d’ouverture des points de ventes et ouvrir le dimanche.
-       Inciter les clients à aller vers le site Web de l’entreprise car il permet de vendre 24 h/24 et 7 jours/7.
-       ….
L’augmentation de la part de marché de l’entreprise est le domaine privilégié du marketing mais il existe un nombre important de mesures qui relèvent d’autres domaines.
4.     Faire évoluer les produits et les services. C’est un facteur de croissance très important. Il est toujours important de faire évoluer les produits pour mieux répondre aux évolutions du goût et des attentes de la clientèle mais surtout il faut innover en proposant des produits originaux :
-       Remonter en gamme et restructurer l’offre de façon à inciter les clients à acheter dans la gamme les produits situés au-dessus de ceux qu’ils auraient spontanément choisie.
-       Améliorer la qualité des produits. C’est la stratégie Toyota. Par de petits incréments chercher à améliorer l’outil de production et donc la qualité des produits.  
-       Enrichir le produit en lui ajoutant de nouveaux services. Un nombre croissant de produits s’intègrent dans un système recourant de plus en plus largement à Internet, à des serveurs, … Cette stratégie est ancienne. Déjà en leurs temps Kodak, Gillette, Nespresso, …ont été des exemples parfaits de ventes liées.
-       Créer des produits originaux permettant de compléter les gammes existantes ou de s’attaquer à de nouveaux marchés. 
-       Développer les services autour des produits existants comme l’a fait Apple avec iTunes Music Store puis avec App Store ou Google avec Android Market puis Google Play et Microsoft avec Windows Store. Beaucoup de produits peuvent ainsi bénéficier de services dont un nombre croissant sont payants.
-       Simplifier le processus de production. C’est un moyen de réduire les coûts mais aussi de rendre le dispositif plus souple. Il est ainsi possible de produire sur la même chaine de production différents modèles de véhicules et ainsi enrichir l’offre.
-       Développer l’emploi des nouvelles technologies. Ceci concerne d’abord les produits mais elle peut aussi s’appliquer aux processus de production ou de diffusion existants. Elles permettent de recourir à des stratégies de rupture comme l’on fait Uber et Airbnb. Grâce à Uber on appelle un taxi à l’aide d’une application sympa directement avec son smartphone.
-       ….
Ce domaine est directement concerné par le progrès technique et notamment par les processus de transformation numérique. C’est un domaine en rapide évolution et on risque d’assister dans les années à venir à de nombreux changements.
5.     Personnaliser le produit ou le service. Les clients veulent être traiter comme une personne adulte : être reconnu, être conseillé en fonction de leurs habitudes. Ils sont à la recherche de bonnes affaires (ventes flash, pré-ventes, ventes privées, promotion VIP, rabais massifs, …).
-       Permettre d’offrir un nombre croissant d’options.
-       Faire des recommandations aux clients en fonction de leurs choix antérieurs comme le font déjà Amazon, You Tube, Netflix, Pinterest, ….
-       Faire de l’animation sur le lieu de vente mais de plus en plus d’actions de ce type se font à distance par le biais de mailing, de SMS, de messages affichés à la connexion au site, …
-       Fournir du conseil aux clients. Il peut être gratuit ou payant.
-       Développer des services de qualité. Le client a besoin d’être dorloté. Il faut le suivre, lui demander son avis, l’inviter à des réunions ou des expositions, …
-       Fournir une assistance à l’utilisation du produit ou du service notamment lors de sa mise en route ou de sa prise en main.
-       Renouveler fréquemment l’offre. Il existe des effets de mode très importants et il est possible de les renforcer.
-       ….
La technologique permet de renforcer la personnalisation des produits et des services et donc accroître la fidélité des clients. Tous les grands opérateurs d’Internet travaillent en ce sens en intégrant de l’Intelligence Artificielle dans leurs services : Google, IBM, Facebook, Microsoft, … 
[4] - Une entreprise peut avoir une politique de renouvellement rapide des modèles pour justifier un « premium » comme en matière de smartphone. Cette stratégie ne correspond pas au 1er axe mais au 4ème.
[5] - Voir sur ce sujet le texte prémonitoire de Marc Andreessen : « Why Software is Eating the World » publié dans le Wall Street Journal en 2011 (Pour lire cet article cliquez ici). Le terme « software compagny » est préférable à celui, souvent utilisé, de plateforme.
[6] - Je n’ai rien contre l’Auvergne. Ce peut être la Bretagne où les Pyrénées.