vendredi 16 décembre 2011

Les tablettes vont-ils tuer les PC ?

Le succès de l’iPad est indéniable. Des millions d’utilisateurs se sont rués sur les tablettes depuis 2 ans. IDC estime que 63 millions d’unités ont été vendues en 2011 (selon DisplaySearch il se serait même vendu 73 millions de tablettes sur 285 millions de PC portables) et en France le total des ventes serait égal à 1,5 millions de tablettes. Environ 70 % sont des iPad. Les tablettes sous Android de Google n’arrivent pas à percer et la tendance est à la diminution de leurs parts de marchés (Samsung Galaxy Tab, Xoom Motorola, Inspirion duo Tablet PC de Dell, Eee Pad d'Aesus, Ideapad de Lenovo,…). Le PlayBook de RIM et TouchPad sous WebOS ne font pas mieux et les tablettes sous Windows sont invisibles.
GFK estime qu’au cours du seul mois de décembre 2011 400.000 tablettes vont être vendues en France alors que sur toute l’année 2010 seulement 435.000 ont été vendues. IDC estime les ventes de 2012 à 4 millions de tablettes. Cela va être la ruée.
Le succès de l’iPad 2 est extraordinaire et provoque l’enthousiasme de ses afficionados. Il est fréquent qu'au cours d’un dîner, d’un voyage ou d’une réunion ils le sortent et ils ne peuvent pas s’empêcher de vous montrer comme l'objet est beau et de vous faire une démonstration : « on peut tout faire avec » affirment-ils : mailing, traitement de texte, prise de photos et gestion de l’album, lecture de livres ou du journal,… « Il existe des dizaines de milliers d’applications (1), dont une grande partie sont gratuites ».
C’est un succès marketing étonnant. Ils sont tellement heureux qu’ils ne voient pas qu’il manque à leur tablette des fonctions essentielles nécessaires pour une utilisation courante confortable comme l'existence d'un port USB pour sauvegarder les données sur une clé, pour brancher sa propre clé 3G ou imprimer un document (2). De même, il n'est pas possible de mettre à disposition des utilisateurs de l'entreprise des programmes spécifiques sans passer par l’App Store de façon à ce qu'Apple puisse percevoir une redevance substantielle. Mieux, il n'est pas possible de changer la batterie, or en un ou deux ans elle doit être remplacé. Un ami enthousiaste m’a présenté l'iPad en disant que « c’est un iPhone avec un grand écran » en oubliant que c’est un téléphone portable avec lequel il n’est pas possible de téléphoner. C’est très fort. Bien sûr il est toujours possible d'utiliser Skype mais ce n'est pas très pratique dans le métro ou dans le train. De plus en 3 G ce n'est "théoriquement" pas possible.
De nombreux enthousiastes annoncent la mort du PC classique, qu’il soit fixe ou portable. Est-ce vraiment raisonnable ? Est-ce que les entreprises vont s’équiper massivement d’iPad ? Pour apprécier l’enjeu on se rappellera que les entreprises françaises disposent actuellement d’un parc de 16 millions de PC. Il faudra probablement un certain temps pour y arriver à tous les remplacer. De plus l’usage d’un clavier tactile est acceptable pour envoyer un mail pas trop long mais imaginez-vous travailler 4 à 5 heures de suite sans clavier ? IDC a interrogé à ce sujet un certain nombre d’utilisateurs d’iPad : 75 % ne pensent pas faire plus de la moitié de leurs travaux informatiques sur l'iPad. Seul 25 % des utilisateurs pensent dépasser ce seuil. Il faut donc pour la plupart des utilisateurs disposer d’un PC en plus d’une tablette. C’est, en quelle que sorte, leur deuxième voiture.  
Mais, paradoxalement, cette deuxième voiture est plus chère que la première voiture. Les prix de l’iPad sont élevés : le modèle de base (Wifi et 16 Go de mémoire) coûte 500 € HT et le modèle haut de gamme (3G, Wifi et 64 Go) est de 670 € HT. Comparé aux prix des netbooks on est dans un rapport du simple au double. Est-ce vraiment raisonnable ?
En vérité le développement professionnelle des tablettes est liée à l'apparition d'une application stratégique qui va permettre de développer l’emploi des tablettes comme l'ont été les tableurs, le traitement de texte, la messagerie et le Web pour assurer le succès des PC ? Pour l’instant cette "killer application" n’existe pas encore, mais ceci ne veut pas dire que demain elle ne va pas apparaître.
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1 - Il y a 460.000 applications disponibles sur l'App Store dont 90.000 fonctionnent sur l'iPad. Une grande partie sont des jeux.
2 - Pour sauvegarder les données il y a l'iCloud. C'est astucieux mais ce n'est pas simple ni très sûr. Il est possible d'imprimer un document avec une imprimante Wifi. 

1 commentaire:

Bernard Quinio a dit…

Merci pour ce texte qui cerne bien les attentes et le effets générés par ce nouvel outil.
Quelques remarques :
*la valeur symbolique des tablettes est très importante sans doute plus que la valeur d'usage.
Nombre de cadres ou de consultants veulent une tablette pour ce que sa possession dit sur son propriétaire : à la page, technophile, en mouvement ...
*Si saisir du texte ou des photos est peu aisé, voir et montrer sont considérablement facilités en avant vente, en déplacement.
*La logique très propriétaire d'Apple est pour moi un frein majeur. Utiliser Itunes pour mettre à jour sa tablette, c'est revenir 10 ans en arrière en termes de convivialité, d'intégration et de facilité d'usage.
J'espère que les tablette Android (je pense aux produits Samsung ou à la future tablette de Google) deviendront une alternative réelle. Il faudra suivre la guerre judiciaire entre Apple et ses concurrents sur ce point.