Depuis les
élections présidentielles et la nomination de Fleur Pellerin comme Ministre de
l’Economie Numérique on voit revenir l’idée d’un plan coordonné de
développement. L’idée est séduisante. En effet, en informatique, la France est en retard sur les autres
pays comparables. Comme le fait apparaître le classement du Forum de Davos la France est au 20ème
rang loin derrière la Suède, Singapour, la Finlande, la Suisse, les
Etats-Unis,… Un peu après l’Allemagne, la Grande-Bretagne et le Japon (Voir sur
ce blog le message du 19 Mars 2012 : « Le classement informatique duWorld Economic Forum : une triste réalité »). Or les enjeux du numérique sont considérables.
Ceci dit ce n’est
pas le 1er plan pour le développement de l’économie numérique. En
2008 Eric Besson, alors secrétaire d’Etat chargé de la prospective de
l’évaluation des politiques publiques et du développement de l’économie
numérique, avait établi un plan d’action qui devait donner une nouvelle
impulsion au secteur (Voir sur ce blog le message du 14 Janvier 2012 :
« Besson, le retour : le nouveau plan de développement de l’économienumérique (2012-2020) »). Au total il proposait 154 mesures. On allait voir
ce qu’on allait voir. La croissance était à portée de main. Malheureusement les
résultats, sans être nuls, ont été assez modestes.
Le plan Besson a
déçu. Ceci est probablement dû au fait qu’il était, en grande partie, à côté du
sujet et proposait de nombreuses mesures ponctuelles qui n’ont pas eu d’effet
global. Il était issu du rapport d’Attali sur la croissance qui fixait quelques
orientations intéressantes. Malheureusement il n’est pas allé au bout de la
réflexion sur l’économie numérique. Malgré son insuccès le rapport Besson a eu
en 2011 une suite mais elle n’a pas eu le temps d’être appliquée. On ne peut que
constater que les mesures proposées étaient très loin du sujet.
A la suite de ces
deux malheureux plans qui n’étaient que des collections de mesures sans
perspectives il est à craindre que l’opinion se lasse de ces gesticulations
sans actions significatives. Cependant les professionnels du secteur demandent
que des initiatives publiques soient prises (Voir sur ce blog les messages du 3
Février 2012 : « Le développement économique selon les éditeurs de logiciels » et du 21 Février 2012 : « Les vœux-pieux et lesdouces illusions du Syntec Numérique »). De même les principaux candidats à la
présidentielle ont fait des propositions (Voir sur ce blog le message du
22 Avril 2012 : « Economie Numérique : 5 candidats à la présidentielleont parlé »). Il est nécessaire de faire quelque chose car la situation
est grave. Cependant il doit éviter de s’enliser dans des problèmes confus et de peu
d’intérêt comme le sort de l’Hadopi ou le financement du Très Haut Débit (Voir
sur ce blog le message du 15 Avril 2012 : «Economie numérique : les silences de la campagne»).
Faut-il établir un plan ?
Dans ces
conditions on peut s’interroger sur la manière d’agir. Faut-il définir et
mettre en place un plan et prévoir une intervention publique ou faut-il laisser
les entreprises agir librement en espérant que le meilleur gagne ? Curieusement en
France on veut les deux : un libéralisme de façade et par derrière une solide
intervention publique pour aider les entreprises françaises. Ce n’est pas
nouveau. Depuis 40 ans l’Etat n’arrête pas d’intervenir dans le secteur de
l’informatique et des communications avec des résultats contrastés, faibles, voir
contre-productifs.
Résultat : parmi
les 50 premières entreprises technologiques mondiales (voir le classement paru dans Wikipédia
en anglais : « List of the largest technology compagnies »)
il n’y a que trois entreprises françaises : le 1er est en 19ème
position : c’est France-Telecom, la 31ème est Vivendi et 50ème est Alcatel. Si on calcule le chiffre d’affaires cumulé des 200 premières entreprises
la France se classe en 7ème place avec un chiffre d’affaires de 166
milliards de dollars. (Voir sur ce blog le message du 18 Juillet 2012 : « Le
développement des entreprises technologiques »). Ce n’est pas une catastrophe
mais ce n’est pas brillant. On peut penser qu’au prix de quelques efforts la
France pourrait passer du 7ème au 4ème rang en passant de
166 à 200 milliards de dollars de chiffre d'affaires comme l’Allemagne.
On aurait pu
espérer que les PME suppléent aux carences des grandes entreprises. On aurait pu imaginer un
grand nombre d’entreprises dynamiques permettant de préparer l’avenir. Mais,
avec la meilleure bonne volonté, on a du mal à trouver quelques entreprises de
logiciel ou de matériel françaises ayant un succès international en dehors de
Catia. Mais peut-on considérer que Dassault Système soit vraiment une
PME ?
Dans ces
conditions il est difficile de choisir les démarches les plus
efficaces pour repositionner la France dans la course au développement de
l’Economie Numérique.
Faire des choix clairs et adaptés
Quand
on est face à ce type de situation, la première réaction est de mettre en place
un plan. Contrairement à une idée souvent répétée un plan n’est pas un outil de
prévision de l’avenir ([1])
mais un moyen d’organiser les actions dans le temps. Pour y arriver il est nécessaire de se
fixer des objectifs, de se mettre d’accord sur leur contenus, de définir les
dispositifs à mettre en œuvre, identifier les actions à entreprendre et de dégager les moyens nécessaires.
La première étape
consiste à faire des choix, c’est-à-dire de fixer des priorités Cela ne
consiste pas à faire des annonces du type : « Demain vous aurez tout ce que vous rêvez d'avoir ». Faire des choix, cela consiste à dire : « ça je vais le faire et ça je ne le
ferais pas ». Les deux plans Besson n’avaient pas clairement fixés des
priorités et ceci explique peut-être leur faible impact.
Dans notre
domaine il est nécessaire de choisir les produits, les services, les
technologies, les partenariats, les marchés recherchés, les types de
clients à atteindre,… Il est nécessaire d’arrêter de miser des sommes
importantes sur des technologies mortes et financer des développements ou des
services qui n’ont pas de clients.
Une fois ces
choix effectués, pour bâtir un plan efficace, il est nécessaire de statuer dans cinq points clés :
·
Fixer les
rôles des différents intervenants. Il est d'abord nécessaire de les identifier puis, ensuite, de préciser leurs rôles et leurs responsabilités. Il est de même important de
fixer des investissements et de dégager leur financement. Très souvent ces
stratégies reposent sur des partenariats. Il faut définir les types d'accord, choisir les
partenaires et détailler des règles de concertation.
·
Mettre en
place des dispositifs de travail adaptés. Pour qu’un plan d’action se mette
en place il est nécessaire de définir des instances de pilotage et de
coordination. On doit s'attacher à mettre en place des dispositifs de
travail réactifs. Souvent, la multiplication des instances se traduit par un ralentissement
des décisions, voir l’absence de décision. Or, il est vital d’être réactif.
·
Communiquer
sur le plan d’action. Pour réussir il est important d’informer largement
l’ensemble des parties prenantes sur les objectifs, les orientations, les choix,
les moyens,… du contenu du plan d’action arrêté. Mais il est aussi très
important de communiquer sur les résultats obtenus.
·
Assurer
un suivi des opérations. Une fois le plan arrêté il faut s’assurer sa mise
en place. Il est pour cela nécessaire de suivre les opérations pour s’assurer
qu’elles sont lancées et réalisées à temps. Un tableau de bord doit être
périodiquement établi et soumis à un comité de pilotage chargé du suivi du plan
d’action.
·
Financer
le plan d’action. Des investissements importants sont conséquents. Le plan
doit prévoir leur financement. Il reposent, pour l'essentiel, sur des fonds publics et des avantages
fiscaux (les fameuses niches fiscales). Très souvent on mise sur le financement
par le venture-capital mais l’expérience montre qu’il est rare en France. Ces
organismes financent plutôt la reprise d’entreprises moyennes et grandes. Il est aussi possible d'envisager de faire financer une partie du plan par les entreprises qui en profite, mais ce tte solution n'est pas toujours acceptées par les intéressés.
Fautes de mise en
place de ces différents dispositifs il est possible qu'il ne se passe par grand-chose. Car la
pente naturelle des entreprises françaises en matière d’économie numérique est
d’attendre. Dans ces conditions la position de la France risque de continuer à se
dégrader.
Avoir une vision stratégique
La réussite d’un
tel plan d’action nécessite d’avoir une vision stratégique. Pour réussir le
développement de l’économie numérique il est indispensable d’avoir une vision
claire de l’évolution des technologies informatiques et de la communication. C’est
un sujet complexe et délicat car il est toujours difficile de prévoir les
tendances à venir.
Actuellement,
l’essentiel des débats portent sur la rémunération des ayant-droits ou sur le financement
du câblage en fibre optique jusqu’à l’usager. Ce sont des sujets intéressants
mais ce n’est pas le cœur de la stratégie de l’économie numérique. Le sort
d’Hadopi ou des réseaux THD (Très Haut Débit) sont des points relativement secondaires
par rapport aux vrais enjeux stratégiques.
Les deux plans Besson ont souffert de cette absence de vision. Pourtant dans le rapport Attali il y avait quelques constatations intéressantes comme des constatations :
Les deux plans Besson ont souffert de cette absence de vision. Pourtant dans le rapport Attali il y avait quelques constatations intéressantes comme des constatations :
- « La France investit dans ces technologies deux fois moins que les États-Unis ou la Finlande, ce qui explique, toutes choses égales par ailleurs, notre différentiel de croissance »,
- « À l’instar des États-Unis, de certains pays nordiques et des nouvelles puissances asiatiques qui ont fait du développement numérique le principal moteur de leur compétitivité et de leur croissance » ([2]).
Il est certain
que l’ensemble de l’économie est en train d’être profondément impactée par le
développement de l’informatique et des systèmes d’information. L’économie
numérique concerne tous les acteurs économiques et tout particulièrement les
entreprises. On peut identifier trois impacts majeurs :
·
Le
support aux activités de l’entreprise. C’est le domaine classique de
l’informatique. Ce sont les applications traditionnelles comme la comptabilité,
la paie, la facturation,… Mais ce sont aussi des systèmes plus récents comme la gestion
commerciale (CRM), la gestion de la production, la gestion de la logistique (SCM)
et, de plus en plus, le commerce électronique. Ces applications ne changent rien
à l’activité de l’entreprise mais elles permettent de modifier sa manière de
travailler et cela se traduit par des gains de productivité importants.
·
La
production de services classiques à l’aide des TIC. On assiste depuis
environ 20 ans à la numérisation d’un certain nombre de services. C’est le cas
du téléphone. Dans un premier temps on a numérisé le signal puis on l’a
transmis à l’aide d’Internet (voix sur IP). Puis cela a été la numérisation de
la musique (MP3), de la photo (JPEG), de la vidéo (MPEG 2, la TNT puis la TV
sur IP), l’établissement de plans et la simulation (architecture, CAO,…), les cotations boursières, les virements électroniques, le suivi de colis, les
catalogues en ligne… On fournit le même service à l’usager mais on le produit et
on le délivre de manière plus performante. De plus la numérisation permet de proposer
à l’utilisateur de nouveaux services complémentaires.
·
La
fourniture de nouveaux produits et services. Mais à côté des anciens
services il est possible d’en créer de nouveaux. C’est par exemple le cas de la
messagerie. Elle permet de remplacer le courrier interne des entreprises, le
télex et la Poste. Mais à partir de cette base de nombreux services ont été
développés. Autres nouveaux services : les moteurs de recherche avec une indexation
sur l’intégralité des textes, la simulation numérique des nouveaux produits, le partage de documents, les agendas partagés, la téléconférence, … Il
existe aussi de nombreux nouveaux produits comme les smartphones, les
tablettes, les liseuses, les jeux, les aides à la conduite,…. Demain ce sera peut être la
TV connectée.
Une stratégie nationale de développement efficace doit prendre en compte ces trois domaines. Si la
politique mise en œuvre ne vise que le développement d’un seul segment l’impact
économique risque d’être réduit d’autant.
Dans le cas d’une stratégie de rattrapage, ce qui est notre cas, il est nécessaire de prioriser les efforts dans les domaines où l’économie est la plus faible. Dans le cas de la France le segment le plus fragile est celui des nouveaux produits et services. Il est vital de favoriser les entreprises présentes dans ce domaine et les aider à se développer en saisissant rapidement les opportunités dès qu'elles se présentent.
Dans le cas d’une stratégie de rattrapage, ce qui est notre cas, il est nécessaire de prioriser les efforts dans les domaines où l’économie est la plus faible. Dans le cas de la France le segment le plus fragile est celui des nouveaux produits et services. Il est vital de favoriser les entreprises présentes dans ce domaine et les aider à se développer en saisissant rapidement les opportunités dès qu'elles se présentent.
Cibler quelques secteurs
L’analyse montre
que quatre secteurs économiques doivent faire l’objet d’une attention
particulière:
·
Secteur
technologique. Ces entreprises produisent des matériels, des composants
électroniques, des systèmes d’exploitation, des bases de données, des langages,
des progiciels, …. Elles assurent aussi des services de développement et
d’exploitation. Au cours des vingt dernières années les entreprises françaises
se sont en grande partie retirées de ce segment. Le succès d’entreprises coréennes
ou chinoises comme Samsung ou Huawei montre qu’il est possible de reconquérir
des parts de marché dans un monde très évolutif.
·
Entreprises
« classiques » migrant vers le numérique. Elles intègrent des produits et des services
basés sur les technologies dans leurs produits et leurs services. C’est, pas
exemple, le cas de l’automobile ou l’aviation. De plus en plus de fonctions
sont pris en compte et surtout de nouveaux services se développent. Ces
innovations sont réalisées par les bureaux d’études et suscitées par les services
marketing de ces entreprises. Ces développements se font, très souvent,
indépendamment des services informatiques internes. Les "pures players" ne sont qu'un sous ensemble de ce segment. Le fait qu'ils n'aient pas de boutiques ou d'agences n'empêchent pas qu'ils soient des entreprises comme les autres avec des activités de production et de commercialisation. Par contre ces entreprises ont des comportements particuliers qu'il faut prendre en compte.
·
Entreprises
utilisatrices. Toutes les entreprises achètent des produits ou des services
technologiques et les utilisent pour assurer leur fonctionnement. Ce sont des
serveurs, des PC, des systèmes d’exploitation, des bases de données, des
progiciels, des ERP,… Ces achats et la mise en œuvre de ces matériels et de ces
logiciels sont assurés par les services informatiques. Mais de plus en plus de
produits et de logiciels sont achetés directement par les unités
opérationnelles et même par les personnes.
Il est évident
que les attentes et les comportements de ces trois secteurs économiques ne sont
pas les mêmes. Une stratégie de développement doit être basée sur la prise en compte de
ces trois cibles. C’est un enjeu fondamental. Toutes les mesures qui ne
correspondent pas à ces attentes ont peu de chance de réussir.
Dégager une démarche globale
Il est important
d’éviter de lancer des mesures ponctuelles qui ne mènent à rien. Elles sont
souvent le moyen de distribuer des subventions qui finalement débouchent sur de faibles résultats. Les investissements publiques dans le Cloud, les « serious game »,
le DMP ([3])
ou le Très Haut Débit risquent d’être des dépenses qui ne débouchent sur rien.
De même il est important d’éviter la distribution d’avantages fiscaux sans impact
significatifs ou de créer des organismes bidons qui coûtent chers et ne servent
pas à grand-chose.
Il faut prendre
des mesures efficaces permettant réellement de développer l’économie numérique
(Voir sur ce blog le message du 15 avril 2012 : « Economienumérique : les silences de la campagne » ([4])) :
1.
Faire
baisser les coûts des télécommunications. La France souffre actuellement de prix anormalement
élevés. Ceci est bon pour les résultats financiers des opérateurs mais cela
freine le développement des applications numériques. C’est un facteur clé de la
compétitivité. Il serait nécessaire de les réduire tous les prix de moitié
pour arriver au niveau des autres pays développés (voir sur ce blog du 19 Mars 2012 : « Leclassement informatique du World Economic Forum : Une triste réalité »).
L’initiative de Free Mobile va dans le bon sens mais il y a encore une marge
importante avant d’arriver à une situation réellement satisfaisante.
2.
Améliorer
le contexte administratif et réglementaire. D’après l’étude du World
Economic Forum sur le développement de l’informatique c’est le second facteur
expliquant le positionnement médiocre de la France en matière numérique. Il est
certain qu’il est nécessaire de simplifier et d’accélérer la création
d’entreprise, de faciliter les possibilités de recours judiciaires commerciales,
d’alléger les procédures fiscales et réglementaires pour les PME,… Ces différentes mesures concourrent directement à la compétitivité des entreprises. Des progrès ont été réalisés
dans ce domaine mais il reste encore beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine.
3.
Inciter
les entreprises moyennes et grandes à investir dans les TIC. De nombreux
acteurs du secteur misent sur le développement par les PME et des jeunes
pousses innovantes. Il existe une véritable croyance sur le rôle positif des « start-up ».
C’est une illusion couramment répandue. L’observation montre que depuis de
nombreuses années que les PME françaises sont faibles et contribuent
peu à la croissance de l’économie numérique. On a beaucoup de mal à trouver en
France des entreprises comme Google, Apple et Amazon. En règle générale les petites
entreprises investissent peu car elles ont du mal à trouver des financements,
font peu de recherche-développement car elles ne sont pas incitées à le faire et
globalement elles ne jouent qu’un rôle marginal dans le développement de l’économie
numérique. En fait le développement de l’économie numérique est actuellement pour
l’essentiel assuré par de grandes entreprises, voir de très grandes. Il est nécessaire de redynamiser
les moyennes entreprises et d’aider les petites entreprises à investir dans
l’informatique et l’économie numérique. En attendant il est nécessaire de miser
sur le rôle des grandes entreprises.
4.
Favoriser
les capacités des entreprises à l’exportation. Dans le secteur informatique les exportations sont une des clés du succès car le marché est mondial. Or, les entreprises françaises du
secteur de l’informatique sont traditionnellement sont peu orientées vers
l’exportation. Celles qui réussissent sont plutôt des moyennes et de grandes entreprises notamment les sociétés de services. Les PME du secteur notamment les
quelques fabricants, les éditeurs et les nombreuses sociétés de services sont
peu orientés vers l'exportation. Pour développer les entreprises du
secteur il est nécessaire de se baser sur des coopérations entre les entreprises. Les grandes
entreprises industrielles et commerciales doivent intervenir et aider les PME du
secteur de l’économie numérique à développer leurs exportations.
5.
Améliorer
le Crédit Impôt Recherche (CIR). Ce dispositif est très utile car il a favorisé
le financement les efforts de recherche des entreprises. C'est un montant de l'ordre de 5
milliards d’euros. C’est considérable mais on constate que le pourcentage global de R&D
par rapport au chiffre d’affaires n’a pas sensiblement évolué grâce au CIR. Il
est possible qu’il y ait un effet d’aubaine. On ne peut pas l’empêcher.
Cependant il faut éviter les dérives possibles. Pour cela on doit renforcer les
dispositifs de contrôle et notamment en auditant une sélection de dossiers des opérations de recherche effectuées. Dans notre
secteur il est surement souhaitable d’élargir le périmètre du CIR de façon à
prendre en compte les développements informatiques et notamment la réalisation de progiciels ou de logiciels
qui sont ensuite intégrés dans les produits.
6.
Amortissement
des études informatiques internes. Dans la plupart des entreprises les
études informatiques sont comptabilisés comme des charges de l’exercice.
Résultat : au cours de l’année ou des années où on réalisée le
développement l’entreprise supporte des charges élevées qui pèsent sur ses
résultats. Or la réglementation fiscale autorise l’amortissement de la
réalisation des réalisations mais les entreprises ne le font pas. Il serait
souhaitable d’inciter les entreprises à amortir les logiciels. Il serait aussi
intéressant d’élargir le domaine d’amortissement à la conception de la future
application, au pilotage du projet et aux tests. Il serait souhaitable d’aller plus loin en proposant un dispositif de
crédit impôt logiciel analogue au crédit impôt recherche.
7.
Inciter
les entreprises à appliquer la gouvernance informatique et la gouvernance des
systèmes d’information. C’est un enjeu important. Les pratiques constatées dans
les entreprises françaises sont encore très éloignées de celles préconisées par
des référentiels comme CobiT, ITIL, CMMI, PMBoK,… De nombreux signes prouvent
la fragilité de la maîtrise des systèmes d’information : dérive élevée des
projets, difficulté de faire baisser les coûts des prestations informatiques,
faiblesse de la sécurité des systèmes d’information,…Pour améliorer la
situation actuelle il est souhaitable d'inciter les entreprises à auditer régulièrement la fonction informatique,
les principaux projets et les grands systèmes d’information. De même il faut
inciter les entreprises à renforcer leur dispositif de pilotage et de
planification de l’informatique.
8.
Formation
des décideurs et des managers aux TIC. La plupart des dirigeants, des
managers, des maîtres d’ouvrage,… n’ont qu’une idée très imparfaite de
l’informatique et des systèmes d’information. Au cours de leurs études ils ont
acquis quelques notions informatiques et effectués un peu de programmation mais
en réalité ils ont des idées très floues sur la gestion de projet et l’architecture
techniques. Comme ils savent se servir de Word et Excel ils pensent avoir les
compétences nécessaires pour apprécier les enjeux et choisir les stratégies à
mettre en œuvre. Il est souhaitable de renforcer les connaissances des
décideurs et des managers dans le domaine des technologies numériques.
9.
Formation
des chefs de projets. La plupart des chefs de projets sont des autodidactes
de la gestion de projet. Généralement ils ont suivi un cours sur la gestion de
projet de deux ou trois jours puis ensuite ils se sont lancés dans le grand bain. En fait ils
apprennent de l’expérience. C’est intéressant mais c’est notoirement
insuffisant. Etre un chef de projet est un vrai métier. Pour l’exercer
correctement il est nécessaire d’avoir une formation solide comme, par exemple, un an de formation au niveau master. Tant qu’on confiera les projets à des
apprentis il ne faut pas s’étonner des taux d’échecs élevés et des dérives importantes
constatées.
10. Communiquer sur l’impact des TIC. Le
domaine de l’économie numérique connait de nombreux succès même en dehors des
Etats-Unis. En France, en Europe et dans le reste du monde il existe de très
nombreuses applications ayant un impact économique important se traduisant par
un développement économique significatif. Malheureusement ces cas sont peu
connus et on revient toujours sur les quelques success story américaines comme
Google, Apple, Amazon,… Or il existe en Europe et en France de très belles réussites. La presse économique et informatique se contente, la
plupart du temps, de reproduire les communiqués de presse des grands
fournisseurs et effectue peu d’enquêtes sur le terrain.
Ces mesures sont
simples et dans l’ensemble peu coûteuses. Il faut sensibiliser et animer sur le
thème de l’économie numérique. L’objectif est de renforcer l’attitude des
décideurs envers l’économie numérique afin de développer les bons usages des Technologies
de l’Information et des Communications en faveur de la croissance de l’économie
numérique et plus généralement de la croissance économique.
[1]
- Le but du plan n’est pas non plus un outil permettant de décider cinq ans avant et dans le détail tout ce que
doit faire chaque entreprise. Le temps de Gosplan est révolu.
[3]
- DMP : Dossier Médical Personnalisé.
[4]
- Extrait du message « Economie numérique : les silences de lacampagne » de ce blog du 15 avril 2012 « Ce sont les cinq orientations suivantes :
1.
Faire baisser les coûts des télécommunications. Elles sont notablement plus élevées en France que
dans les autres pays développés et explique en partie le médiocre
positionnement de notre pays dans le classement NRI, le Networked Readiness
Index, du World Economic Forum de Davos. Il montre qu’il existe un
« gap » important en ce domaine et qui freine le développement de
l’économie numérique. Il est certain que la récente offensive de Free Mobile va
dans le bon sens mais il y a encore du chemin à parcourir.
2.
Améliorer le contexte administratif et réglementaire. Ce terme recouvre de nombreux points différents
signalés par l’étude du World Economic Forum et qui met en évidence un
certain nombre de fragilités structurelles de l’Etat français. Depuis de nombreuses années les entreprises
françaises et notamment les PME souffrent de ce contexte lourd et peu efficace.
Le défaut de compétitivité de ces entreprises est, en grande partie, dû à ces
insuffisances.
3.
Inciter les entreprises à investir dans les TIC. L’informatique n’a pas une bonne image. De nombreux
dirigeants pensent que c’est un coût sans contrepartie. Ils sont toujours
réticents à effectuer des investissements sans contrepartie. Cette situation
paradoxale est probablement due au fait que trop de projets ont un impact trop
incertain sur la capacité des entreprises à créer de la valeur. Mais c’est surtout
dû à leur faible connaissance de l’économie numérique.
4.
Formation des décideurs et des managers à la mise en
œuvre des TIC. Les maitres d’ouvrage
et les maitres d’œuvre n’utilisent pas les mêmes termes, les mêmes démarches et
les mêmes concepts. Il est indispensable qu’ils parlent le même langage, qu’ils
maîtrisent les concepts de gestion de projet, de pilotage de l’activité
informatique et plus généralement qu’ils aient une réelle maîtrise des systèmes
d’information.
5.
Mieux communiquer sur les résultats des TIC. Il existe en France de nombreuses « success story » liées à la mise en œuvre de l’informatique,
mais elles sont souvent ignorées. De plus il existe dans le monde de nombreuses
applications intéressantes. Pour éviter ce type de situation il serait
souhaitable de mieux les faire connaître ces réussites au management des
entreprises, aux politiques et aussi au grand public. »
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