La transformation numérique est un terme à la mode.
Des CDO, Chief Digital Officer, sont nommés et des budgets sont affectés à des
projets d’un type nouveau. Cependant, on constate, en ce domaine, une grande
hétérogénéité des pratiques ([1]).
Un premier groupe d’entreprises considèrent que les opérations de
transformation numérique se ramènent à de nouvelles actions de marketing. Ce
sera un nouveau moyen permettant de trouver de nouveaux clients. D’autres entreprises
voient plus loin. Pour celle-ci les transformations numériques ont pour but de
changer la nature de leurs offres qui va se traduire par de nouveaux produits
ou des services, de nouvelles manières de les produire, ... Les entreprises
traditionnelles cherchent à se transformer sur le modèle des GAFA. Cependant
tout le monde sait que n’est pas Google qui veut ([2]).
Quelle que soit la vision que l’on ait de la
transformation numérique les entreprises savent qu’elles doivent faire face à
une mutation majeure. La manière de réaliser leur chiffre d’affaires et de
dégager une marge significative vont profondément changer dans les années à
venir. Les produits changent et comprennent de plus en plus d’électronique et
de logiciels, se connectent et échangent des informations avec des serveurs.
Mais ce n’est qu’une partie de la mutation. L’essentiel des changements vont
porter sur la manière dont les clients entrent en contact avec l’entreprise
comme c’est déjà le cas avec Uber ou Airbnb. Elles vont changer de nature et
devenir des plateformes d’échange entre des demandeurs et des fournisseurs de
service. Ceci explique la grande crainte manifestée par les entreprises
traditionnelles de se faire « uberiser » c’est-à-dire de voir une start-up
venue de nulle part prendre une partie significative de leur chiffre d’affaires
et de leur marge.
En fait, on est face à une mutation stratégique.
Pour comprendre son importance il est nécessaire de revenir sur les stratégies traditionnelles
de développement des entreprises puis de voir leurs liens avec une éventuelle
transformation numérique.
Les cinq
stratégies de développement existantes
La plupart des entreprises ont des stratégies
(Pour en savoir plus sur la stratégie des entreprises voir sur Wikipédia en cliquant ici). Lorsqu’on les analyse et on les compare entre elles on constate qu’elles ont
de fortes parentées. Leur nombre est en fait assez limité. Il y a une trentaine
d’année Michael Porter, pape du marketing, avait fondé sa célébrité en identifiant
cinq forces expliquant la concurrence :
1. Le pouvoir de
négociation des clients,
2. Le pouvoir de
négociation des fournisseurs,
3. La menace constituée
par les produits ou les services de substitution,
4. La menace
d'entrants potentiels sur le marché,
5. L'intensité de
la rivalité entre les concurrents.
Il est de même possible d’identifier quelques
grands axes stratégiques en matière de développement des entreprises. En
reclassant l’ensemble des actions possibles il est possible d’identifier cinq
grands axes (voir le détail des actions stratégiques en note ci-dessous [3] ).
Ce sont :
1.
Augmenter
les prix de vente. Il existe toute une série de mesures permettant de
réussir cette stratégie. Elles sont dans l’ensemble assez restrictives. Un
grand nombre d’actions cherchent à réduire la concurrence car celle-ci tend à
faire pression sur les prix de vente. Le progrès technique a peu
d’influence. La transformation numérique joue un rôle secondaire dans ce type
de stratégie ([4]).
2.
Réduire
les coûts de revient. Cette baisse concerne aussi bien les produits que les
services. On va pour cela chercher à augmenter la productivité ou diminuer les
prix d’achat des matières premières et le coût de la main d’œuvre. Il existe
une large panoplie de mesures permettant de diminuer les coûts de revient. Le
progrès technique n’est qu’un des facteurs possibles. Dans ces conditions la
transformation numérique joue sur les coûts de revient mais de manière
indirecte.
3.
Augmenter
la taille du marché accessible. Cette stratégie repose sur la fidélisation
des clients existants et la recherche de nouveaux clients. Ce peut être des
clients locaux, nationaux ou internationaux. Internet abolie les distances.
Pour les services immatériels le marché devient mondial, par contre, pour les
biens et les prestations de services il est encore lié à des contraintes de
logistique : il faut être capable de délivrer. C’est le cœur de la
transformation numérique.
4.
Faire
évoluer le produit et le service. Les innovations liées à Internet, à la
micro-électronique et à l’informatique permettent de développer de nouveaux produits
et surtout de nouveaux services. Des innovations majeures sont apparues dans
ces domaines ces dernières années et il est probable que cela va continuer. Il
est aussi possible d’enrichir des produits ou des services existants de manière
significative. La transformation numérique joue un rôle important dans le cadre
de ce type de stratégies.
5.
Personnaliser
le produit ou le service. La technologie permet de sortir du « mass
market » et de s’adresser directement à chaque client et à chaque prospect
en lui faisant des offres personnalisées. C’est un progrès considérable du
marketing qui va changer l’organisation du marché. C’est un domaine important
de la transformation numérique.
Comme on le voit les modalités de la
transformation numérique sont nombreuses et variées. Dans les années à venir elle
va profondément influencer la manière de faire des affaires et, de façon plus
générale, elle va permettre de changer de manière profonde dont s’établissent les
relations entre les personnes et les organisations. Il existe pour cela toute
une palette de mesures possibles, certaines sont simples et faciles à mettre en
œuvre mais de nombreuses autres sont plus complexes et demanderons plus de
temps pour se mettre en place.
La
transformation numérique est au cœur des stratégies
Traditionnellement la stratégie des entreprises
repose sur une réflexion du management sur les produits et les clients :
que veut-on vendre et à qui va-t-on le vendre ? On en déduit les
partenariats possibles, les choix technologies et les investissements
nécessaires. Aujourd’hui cette réflexion repose en grande partie sur la manière
de mettre en œuvre la transformation numérique. Plus personne n’a de doute sur
sa nécessité. Mais comment s’y prendre ?
Pour y arriver il est nécessaire de partir de
quelques constats simples. D’abord la transformation numérique repose sur un développement
considérable des technologies informatique. Ainsi derrière la notion de Big
Data il y a la technologie Hadoop qui permettent d’avoir des bases de données
réparties de taille illimitées. De même derrière l’IoT, Informatique des
Objets, il y a les progrès considérables de la micro-électronique notamment il
existe aujourd’hui des ordinateurs de la taille d’une carte de crédit capables
de supporter un système d’exploitation multi-tâches et des protocoles de
communications puissants. La puissance et la souplesse d’Internet permet de
déporter les traitements sur des serveurs banalisés grâce au Cloud. Ce sont des
changements considérables.
Le développement de toutes les nouvelles
applications induites par la transformation numérique va transformer que les
entreprises en « software compagnies » ([5]).
C’est un changement majeur dont on n’a pas encore perçu toutes les
conséquences. En dehors du besoin de recrutement de milliers de développeurs et
du changement de culture des entreprises on est face à des investissements massifs
qui vont profondément modifier l’équation économique des entreprises.
Pour dégager des gains significatifs il va être nécessaire
d’améliorer la capacité de l’entreprise à créer de la valeur ajoutée grâce à la
transformation numérique. L’indicateur à suivre est donc le montant de la
valeur ajoutée par salarié. Il est, en moyenne en France de, 80.000 euros par
personne et par an mais il peut s’élever à 130.000 à 160.000 euros dans des
secteurs particulièrement efficaces et performants. Une opération de
transformation numérique qui n’a pas d’impact sur cet indicateur n’est,
probablement, pas rentable.
Les stratégies de développement recourent de plus en plus à la
transformation numérique
Dans ce contexte un nombre
croissant d’entreprises ont mis en place des stratégies de développement reposant
en grande partie sur l’informatique et le logiciel. Malheureusement, aujourd’hui
ces « software compagnies » ne sont pas majoritaires, loin s’en
faut ! Pour l’instant ces entreprises sont plutôt des start-ups. Quant aux
entreprises traditionnelles, si elles craignent toutes une éventuelle « uberisation »
pour l’instant elles restent au bord de la piscine à tâter la température de
l’eau et s’interrogent sur la démarche à suivre. Pour aller plus loin elles vont
devoir choisir une stratégie parmi trois possibilités différentes :
-
Personnaliser
des produits ou des services. C’est le cœur de la transformation numérique.
On assiste depuis quelques années un flux continu d’innovations. Le client veut
être reconnu comme une personne. Lorsque vous vous connectez à un site Web il vous
reconnait par un « Bonjour Jean Dupont » et vous fait des offres en
fonction de vos centres d’intérêt. Mais il est possible d’aller plus loin. Ainsi,
les opérateurs observent la navigation des utilisateurs sur Internet et leur
faire des propositions adaptées. C’est le domaine du Big Data et du « reciblage
publicitaire ». Cependant on ne peut pas dire que des publicités figurant dans
les pages Web correspondent forcement à une amélioration des services fournis.
-
Faire
évoluer les produits ou les services. C’est en grande partie le domaine de l’IoT,
Internet des Objets. Ces applications sont nombreuses. Elles concernent
principalement cinq domaines :
o
La maison connectée : la sécurité et la climatisation
des domiciles, les systèmes de distraction, le management à distance des
installations, ….
o
Les wearables comme les montres et les lunettes
connectées, les vêtements connectées, les systèmes de fitness, les caméras
portables, …
o
L’Internet industriel que les allemands
appellent Industrie 4.0 comprend la robotique, l’automatisation, l’amélioration
de la chaîne logistique, …
o
Les villes connectées ou Smart Cities comprenant
la gestion de l’éclairage public, les compteurs intelligent d’électricité et de
gaz, la gestion en temps réel des flux, la gestion des parkings, …
o
Les véhicules connectés dont les voitures autonomes
mais aussi le diagnostic des véhicules, la sécurité, la navigation, la gestion
des flux, …
Comme on le voit l’IoT représente un énorme marché qui va
considérablement se développer dans les années à venir. Cisco estime son chiffre
d’affaires mondial 500 milliards de dollars en 2016 en forte croissance. L’Institut
Montaigne et AT Kearney estime qu’en France il sera de 74 milliards d’euros en
2020 pour atteindre 138 milliards d’euros en 2025.
-
Réduire
les coûts de revient. La recherche de gains de productivité est le domaine le
plus travaillé par l’informatique classique. Elle a permis de contenir une
partie des frais généraux des entreprises. Cependant on estime qu’elle a eu des
effets plus limités sur les autres postes du coût de revient : matières
premières, main d’œuvre, équipements nécessaires, énergie, ... Aujourd’hui la
recherche de gains permis par la transformation numérique porte plutôt sur
l’amélioration des processus comme la saisie et le traitement des commandes, la
logistique, l’assemblage des produits, la fourniture de services, … Dans le
passé il est certain que l’investissement en équipement et l’automation ont
joué un rôle nettement plus important dans l’obtention de gains de productivité
obtenus grâce à l’informatique. Est-ce que la transformation numérique va
inverser cette tendance ? Ces dernières années le Web a permis de reporter
la saisie des commandes sur les clients. Aujourd’hui l’IoT permet d’améliorer
l’efficacité des processus d’assemblage de produits. Demain il est possible que
ce soit dans le développement de la fourniture de services.
Il est certain que la transformation
numérique va dans les prochaines années profondément changer le paysage
économique, sans compter l’impact qu’elle aura sur le manière de vivre, de se
distraire, d’éduquer les enfants, de former les adultes, … Il suffit de voir l’actuel
impact des smartphones pour imaginer ce que sera le monde de demain grâce à la combinaison
de l’IoT, du Big Data, du Cloud, … A cela s’ajoute l’impact de l’amélioration des
performances du Web, de l’Internet, des systèmes d’exploitation, …. Aujourd’hui
les décideurs des entreprises savent qu’il va falloir se jeter à l’eau mais ils
ont encore du mal à mesurer les impacts de la transformation numérique sur la
stratégie de leur entreprise.
Toutes les stratégies ne sont pas directement impactées par la
transformation numérique
Cependant il ne faut pas pour
autant penser que toute les stratégies des entreprises vont se résumer à la
transformation numérique. Parmi les cinq types de stratégie identifiées trois
sont directement concernés mais deux sont peu ou pas impactés par ces
changements. Ce sont :
-
Augmenter
la taille du marché. Le fait qu’en tout point du territoire (et même de
l’étranger) il est possible de consulter un site Web n’a pas élargie
considérablement le marché. Le fait qu’il soit possible de commander un livre
du fin fond de l’Auvergne ([6])
alors que la première librairie se trouve à plusieurs heures de route n’a pas eu
d’effet significatif sur le nombre de livres lus. Il a toujours existé un
marché pour la vente par correspondance. Le développement du commerce
électronique n’a pas encore fait disparaître les boutiques et les centres
commerciaux. Au fait que les stratégies visant à augmenter la taille du marché
ne seront que faiblement impactées par la transformation numérique. Il est
probable que le Big Data permettra d’identifier des prospects qui avaient,
jusqu’alors, été ignorés et de les solliciter par des offres ciblées. Mais il
est aujourd’hui difficile de mesurer l’impact de ces stratégies de marketing.
-
Augmenter
le prix de vente. Un dirigeant d’entreprise qui veut à court terme
augmenter son chiffre d’affaires ou sa marge sait très bien que la première
mesure à prendre est de majorer les prix de vente. Cependant il ne peut le
faire que si la concurrence est faible. En période de forte inflation ou de
pénurie c’était une stratégie usuelle. Mais au cours d’une période sans
inflation avec une économie qui frise la déflation il faut regarder à deux fois
avant de majorer ses prix. Ce sont des choix difficiles. En tout cas la
transformation numérique n’a pas d’effet sur ce type de stratégie. Il est
cependant possible de chercher à augmenter le volume d’activité en proposant
aux clients des prestations complémentaires basées sur la mise en œuvre de
systèmes d’information. GE s’est lancé dans un programme de ce type (Pour en
savoir plus sur la stratégie de GE on peut lire dans Bloomberg un très
intéressant article. Pour cela cliquez ici) avec Predix qui est une plateforme fonctionnant en mode cloud permettant de
suivre les performances d’un grand nombre d’équipements et de détecter les
pannes ou les sous-optimisations (Pour en savoir plus sur Predix voir
Wikipédia : cliquez ici). C’est une démarche intéressante mais est-ce qu’elle apportera un chiffre
d’affaires significatif avec un niveau de marge suffisant ? D’ailleurs
cette stratégie relève plus d’une stratégie de développement de l’activité de
service que d’une politique d’augmentation du prix de vente des produits.
Comme on le voit un certain
nombre de stratégies de développement d’entreprise restent assez éloignée de la
démarche de la transformation numérique. L’accroissement de la taille du marché
de l’entreprise et l’augmentation des prix de vente sont des stratégies qui
ignorent en grande partie les mutations technologiques en cours.
Importance de la réflexion stratégique avant tout développement
Comme on le voit les
possibilités de développement offertes par la transformation numérique sont
nombreuses et les choix à effectuer sont délicats. Il est pour cela
indispensable d’avoir en amont de tout développement une réflexion de type stratégique.
Elle commence par la recherche des opportunités de développement. Il est de
plus nécessaire d’identifier les menaces potentielles peuvent venir notamment
de start-ups ou de concurrents. Il est en particulier important de regarder de
près ce que font les concurrents étrangers et notamment les californiens.
Une fois cette première
réflexion faite il est nécessaire de prendre la décision délicate : on y
va ou on n’y va pas, avec qui et avec quel budget. C’est une décision importante
car elle engage l’avenir et même, dans certains cas, la survie à terme de
l’entreprise.
Ces choix relèvent de la
direction générale de l’entreprise car elle met en jeu son avenir. Une
réflexion préalable de l’équipe de direction ou d’une commission ad’hoc type
commission informatique est très utile mais au final les dirigeants sociaux de
l’entreprise doivent prendre la décision finale. Dans certains cas, notamment lorsque
des investissements importants sont nécessaires, il est souhaitable que cette
orientation soit validée par le conseil d’administration.
[2] -
McKinsey a, dans une récente étude appelée : « Digital Europe » ,
cherché à mesurer le retard de l’Europe par rapport aux USA. Pour cela ses
consultants ont défini un indicateur : le « McKinsey Global
Institute’s Industry Digitization Index ». Il permet de mesurer le niveau
d’activité numérique d’un pays, d’un secteur d’activité ou d’une entreprise. Il
vaut 18 % aux USA, 17 % en Grande Bretagne et seulement 12 % en France soit un
retard de l’ordre de 50 %. Pour information l’Allemagne et l’Italie sont
seulement à 10 % alors que la Suède et les Pays Bas sont à 15 % (Pour lire
l’étude Digital Europe de McKinsey cliquez ici)
[3]
- Les
cinq axes stratégiques permettant le développement des entreprises se composent
d’un certain nombre d’actions. Ce sont :
1.
Augmenter
les prix de vente. Il existe toute une série de mesures permettant de
majorer les prix. Un grand nombre de ces actions ont un caractère assez négatifs
mais d’autres sont plus positifs :
-
Bénéficier d’une pénurie ou même l’organiser
(rétention, spéculation, …) pour augmenter les prix.
-
Cartelliser le marché à l’aide d’une entente
entre les principaux fournisseurs.
-
Augmenter les droits de douanes ou dévaluer la
monnaie (ce n’est, bien entendu, pas le fait de l’entreprise mais du
gouvernement).
-
Elever des barrières à l’entrée du marché (par
une réglementation, des contingentements, des normes, …).
-
Empêcher le développement de la concurrence
grâce à des brevets défensifs.
-
Développer les ventes d’accessoires ou de
services complémentaires.
-
Proposer aux clients une gamme de produits avec
des versions des produits plus « sophistiqués » et surtout ayant des
prix plus élevés.
-
Convaincre les prospects qu’ils acquerront un
statut supérieur en achetant le produit (voiture, vêtements, Première Classe,
…). C’est le snob-effect.
-
…
Ce
sont pour l’essentiel des mesures ayant pour but de limiter la concurrence. Les
progrès technologiques ont peu d’effet à l’exception de la prise de brevets,
faut-il encore qu’ils soient mis en œuvre.
2.
Diminuer
les coûts de revient. Ils peuvent obtenu en augmentant la productivité, en réduisant
les prix d’achat des matières premières, de la main d’œuvre, ou des produits semi-finis
et finis :
-
Baisser les salaires et les charges sociales, le
montant des achats de matière premières, le coût de l’énergie et des
transports, le niveau les frais fixes (locaux, coûts de siège, taxes, frais
financiers, …).
-
Recourir à une main d’œuvre moins qualifiée et
moins chère. Mais on peut aussi avoir la stratégie inverse en recourant à du
personnel plus qualifié et donc plus efficace.
-
Baisser le cours de la devise (ceci n’est pas le
fait de l’entreprise mais de l’Etat ou de la Banque Centrale). Mais on peut
aussi chercher à localiser la production dans des pays dont la monnaie s’est
effondrée.
-
Diminuer les droits de douanes concernant notamment
les importations de matières premières et de produits semi-finis. Il est aussi
possible de faire entrer ces produits en suspension de droits.
-
Améliorer les processus de production et de
logistique.
-
Accroître la productivité de la main d’œuvre
notamment en effectuant des investissements de productivité :
mécanisation, automation, …
-
Recourir plus largement à la sous-traitance.
-
Diminuer le montant des investissements nécessaire
pour produire une unité produite supplémentaire.
-
Augmenter le volume cumulé des produits
fabriqués (effet de la learning curve).
-
Augmenter la taille des séries de fabrication.
-
Réduire le poids des frais fixes (abaisser le
points mort).
-
….
Comme
on le voit il existe une large panoplie de mesures permettant de diminuer les
coûts de revient. Le progrès technique n’est qu’un des facteurs de réduction
des coûts. Il se fait, pour l’essentiel par le biais des investissements de
productivité.
3.
Augmenter
la part du marché accessible. On commence par rechercher dans un premier
temps à augmenter l’activité avec les clients existants puis ensuite l’entreprise
va rechercher de nouveaux clients dans son pays ou à l’étranger :
-
Pousser les concurrents à la faillite afin de
les faire disparaître et récupérer leurs clients.
-
Racheter et absorber des concurrents de façon à
augmenter la part de marché de l’entreprise.
-
Baisser les prix de vente afin d’acquérir de
nouveaux clients et d’éliminer des concurrents (voir axe n°2).
-
Mettre en place un programme de fidélité avec
une animation spécifique : ristournes, promotion, avantages particuliers, …
-
Développer les exportations directes (trouver
des distributeurs locaux, ouvrir des points de vente, créer des filiales
locales, ….) ou indirectes (c’est le cas lorsqu’une grande entreprise propose
les produits ou les services de PME partenaires).
-
Diminuer les coûts de transports (la
globalisation est en grande partie due à la baisse des coûts de transport
permise par les containers).
-
Augmenter les efforts de marketing, de
publicité, de promotion, … afin de fidéliser les clients et conquérir des
prospects.
-
Favoriser l’obsolescence des produits.
-
Développer les effets de mode.
-
Dans la distribution ouvrir de nouvelles
boutiques ou augmenter les surfaces de ventes mais surtout fermer celles qui
sont mal placées au profit d’emplacements ayant un passage plus important.
-
Elargir les horaires d’ouverture des points de
ventes et ouvrir le dimanche.
-
Inciter les clients à aller vers le site Web de
l’entreprise car il permet de vendre 24 h/24 et 7 jours/7.
-
….
L’augmentation
de la part de marché de l’entreprise est le domaine privilégié du marketing
mais il existe un nombre important de mesures qui relèvent d’autres domaines.
4.
Faire
évoluer les produits et les services. C’est un facteur de croissance très
important. Il est toujours important de faire évoluer les produits pour mieux
répondre aux évolutions du goût et des attentes de la clientèle mais surtout il
faut innover en proposant des produits originaux :
-
Remonter en gamme et restructurer l’offre de
façon à inciter les clients à acheter dans la gamme les produits situés
au-dessus de ceux qu’ils auraient spontanément choisie.
-
Améliorer la qualité des produits. C’est la
stratégie Toyota. Par de petits incréments chercher à améliorer l’outil de
production et donc la qualité des produits.
-
Enrichir le produit en lui ajoutant de nouveaux
services. Un nombre croissant de produits s’intègrent dans un système recourant
de plus en plus largement à Internet, à des serveurs, … Cette stratégie est
ancienne. Déjà en leurs temps Kodak, Gillette, Nespresso, …ont été des exemples
parfaits de ventes liées.
-
Créer des produits originaux permettant de
compléter les gammes existantes ou de s’attaquer à de nouveaux marchés.
-
Développer les services autour des produits
existants comme l’a fait Apple avec iTunes Music Store puis avec App Store ou
Google avec Android Market puis Google Play et Microsoft avec Windows Store.
Beaucoup de produits peuvent ainsi bénéficier de services dont un nombre
croissant sont payants.
-
Simplifier le processus de production. C’est un
moyen de réduire les coûts mais aussi de rendre le dispositif plus souple. Il
est ainsi possible de produire sur la même chaine de production différents
modèles de véhicules et ainsi enrichir l’offre.
-
Développer l’emploi des nouvelles technologies.
Ceci concerne d’abord les produits mais elle peut aussi s’appliquer aux
processus de production ou de diffusion existants. Elles permettent de recourir
à des stratégies de rupture comme l’on fait Uber et Airbnb. Grâce à Uber on
appelle un taxi à l’aide d’une application sympa directement avec son
smartphone.
-
….
Ce
domaine est directement concerné par le progrès technique et notamment par les
processus de transformation numérique. C’est un domaine en rapide évolution et
on risque d’assister dans les années à venir à de nombreux changements.
5.
Personnaliser
le produit ou le service. Les clients veulent être traiter comme une personne
adulte : être reconnu, être conseillé en fonction de leurs habitudes. Ils
sont à la recherche de bonnes affaires (ventes flash, pré-ventes, ventes
privées, promotion VIP, rabais massifs, …).
-
Permettre d’offrir un nombre croissant d’options.
-
Faire des recommandations aux clients en
fonction de leurs choix antérieurs comme le font déjà Amazon, You Tube,
Netflix, Pinterest, ….
-
Faire de l’animation sur le lieu de vente mais
de plus en plus d’actions de ce type se font à distance par le biais de
mailing, de SMS, de messages affichés à la connexion au site, …
-
Fournir du conseil aux clients. Il peut être
gratuit ou payant.
-
Développer des services de qualité. Le client a
besoin d’être dorloté. Il faut le suivre, lui demander son avis, l’inviter à
des réunions ou des expositions, …
-
Fournir une assistance à l’utilisation du
produit ou du service notamment lors de sa mise en route ou de sa prise en main.
-
Renouveler fréquemment l’offre. Il existe des
effets de mode très importants et il est possible de les renforcer.
-
….
La technologique
permet de renforcer la personnalisation des produits et des services et donc
accroître la fidélité des clients. Tous les grands opérateurs d’Internet
travaillent en ce sens en intégrant de l’Intelligence Artificielle dans leurs
services : Google, IBM, Facebook, Microsoft, …
[4]
- Une
entreprise peut avoir une politique de renouvellement rapide des modèles pour
justifier un « premium » comme en matière de smartphone. Cette stratégie
ne correspond pas au 1er axe mais au 4ème.
[5]
- Voir sur ce sujet le texte prémonitoire de Marc Andreessen : « Why
Software is Eating the World » publié dans le Wall Street Journal en 2011
(Pour lire cet article cliquez ici).
Le terme « software compagny » est préférable à celui, souvent
utilisé, de plateforme.
[6] - Je n’ai rien
contre l’Auvergne. Ce peut être la Bretagne où les Pyrénées.